Investir dans la vigne
Les groupements d’associés permettent d’acquérir des parts dans une exploitation viticole. Ces placements peu liquides sont réservés aux amateurs éclairés.
Voilà une fantaisie réservée aux plus fortunés ! Etre propriétaire dans la vigne en France reste un privilège. Mais de nouveaux placements permettent désormais aux oenophiles de conjuguer épargne et plaisir pour des montants plus abordables. La Française REM (Real Estate Managers), société de gestion du Crédit mutuel Nord Europe, vient de lancer LF les Grands Palais, première société civile de placement immobilier (SCPI) sur ce créneau. Le filon semble prometteur. « La consommation de vin est en croissance, surtout dans le haut de gamme.
Depuis vingt-cinq ans, les valeurs des vignes ont augmenté en moyenne de 4 % par an », se réjouit Marc Bertrand, président de La Française REM. Les prix grimpent surtout pour les appellations d’origine protégées (AOP), à 144 000 euros l’hectare en moyenne en 2018, selon les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), avec des pics à plus de 1 million d’euros en Champagne et plus de 6 millions par hectare pour le bourgogne grand cru. « Nous attendons des revenus de l’ordre de 1 à 1,5 % par an, soit à peu près autant que les fonds en euros », pronostique Marc Bertrand. Si un tel niveau de rémunération aurait paru dérisoire il y a une dizaine d’années, il tient la comparaison aujourd’hui avec l’assurance-vie. D’autant que l’investissement en vignoble procure deux autres atouts : une perspective de plus-value et des rabais sur la production des viticulteurs. Accessible à partir de 10 000 euros, la SCPI Les Grands Palais permettra ainsi de convertir les dividendes annuels, reçus en numéraire et taxés comme des revenus fonciers, en bouteilles. Les clients pourront aussi acheter des crus de leurs récoltes avec environ 40 % de rabais par rapport aux prix publics.
Si cette SCPI renouvelle la palette des placements « vignes », elle ne procure aucun avantage fiscal, contrairement aux groupements fonciers viticoles (GFV). Plus confidentiels, limités à 150 associés par groupement, ils fonctionnent sur le même principe de mutualisation entre épargnants pour financer le rachat d’un vignoble, loué à son exploitant. Mais ils bénéficient des douceurs fiscales des groupements fonciers agricoles (GFA) pour aider le monde rural. Ils échappent en grande partie à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) et aux droits de succession. « La valeur des GFV bénéficie d’un abattement de 75 % jusqu’à 101 897 euros et de 50 % au-delà pour l’IFI, tandis que pour les donations et successions, l’abattement est de 75 % jusqu’à 300 000 euros, puis de 50 % au-delà », explique Frédéric Chassain, directeur commercial des GFV Saint Vincent, à Dijon. Cerise sur le bouchon, les heureux associés du groupement bourguignon reçoivent leurs revenus en bouteilles, et peuvent participer chaque année à une séance pour troquer leurs breuvages afin de diversifier leur cave, pour ensuite mieux la liquider.