Faut-il maintenir les élections municipales le 21 juin ?
Une loi votée en urgence au début du confinement prévoit de repousser le second tour à l’été. Le gouvernement envisage un nouveau report.
OUI / IL FAUT PERMETTRE AUX ÉLUS DE SE REMETTRE AU TRAVAIL POUR L’AVENIR DE LEUR TERRITOIRE
On ne peut pas mettre sur le même plan la date du 21 juin et un report en octobre 2020 ou mars 2021. En juin, il suffit d’organiser un second tour dans les 13,8 % de communes, représentant 38,2 % de la population française, dont les conseils municipaux doivent être complétés. Si c’est en octobre ou en mars, il faut refaire une campagne entière avec deux tours, des réunions de quartier et des meetings de plusieurs centaines de personnes. Quel en serait l’impact sanitaire ? Personne ne pouvant prévoir l’évolution de l’épidémie aujourd’hui, on l’ignore. Il vaut donc mieux organiser un second tour une bonne fois pour toutes en juin pour permettre aux élus de se remettre au travail. Ils ont l’avenir de leur territoire à prévoir, et des travaux à lancer.
On ne parle pas assez de l’impact du report des élections municipales sur l’investissement des collectivités locales, essentiel pour relancer l’économie française. Les collectivités locales, parmi lesquelles les communes et les intercommunalités pèsent pour moitié, c’est 70 % de la commande publique en France. Les budgets étant proportionnels à la population de ces circonscriptions, on estime que 38,2 % des investissements des communes vont être suspendus dans l’attente que les conseils municipaux soient finalisés. En attendant, elles ne font que gérer les affaires courantes sans lancer de grands programmes. N’oublions pas non plus que 87,8 % des intercommunalités ne sont pas encore au complet, à commencer par les 22 métropoles françaises. Si l’on additionne les budgets des conseils communaux et intercommunaux incomplets, on arrive à 14 milliards d’investissements qui ne peuvent pas être lancés entièrement.
Si l’installation des nouveaux élus est décalée de mars à juin, l’impact est faible. Mais si elle est reportée à octobre 2020 ou à mars 2021, on perd un an dans les investissements. L’impact sur les entreprises de travaux publics et du bâtiment est majeur. Ces dernières ont deux préoccupations. D’abord : comment se procurer des équipements pour protéger leurs salariés? Ensuite : quand les conseils municipaux et intercommunaux seront-ils installés ?