L'Express (France)

Confinés mais bien coiffés

Brushing, taille de la barbe : les profession­nels de la beauté continuent leur activité en cachette.

- CAROLINE HAYEK (BEYROUTH)

Loubnan a accroché les cages de ses canaris à l’entrée de son salon de coiffure à Sin el Fil, petite ville proche de Beyrouth. Un signal pour faire comprendre que l’établissem­ent est ouvert, bien que ses stores restent baissés. Malgré le confinemen­t, imposé le 14 mars, certains profession­nels de la beauté travaillen­t à l’abri des regards. Dans un pays où les apparences sont reines, pas question de faire l’impasse sur son allure. Sur les réseaux sociaux, spas et coiffeurs proposent des services

« à domicile », sans même s’en cacher.

S’il a fermé son salon situé dans la banlieue chic de la capitale, Samit n’en dépêche pas moins en catimini ses garçons coiffeurs chez des dames en mal de brushing. « Je ne supporte plus mes cheveux blancs, mais je ne veux pas acheter de teinture au supermarch­é », confie Elena, 36 ans. Son coiffeur a déposé sa « mixture » habituelle devant sa porte. Rino, lui, a failli écoper d’une amende de

670 euros, alors qu’il taillait la barbe d’un habitué dans son barbershop.

« Mes clients vont ressembler à des hommes de CroMagnon, grommellet­il. Le gouverneme­nt ne réalise pas à quel point notre rôle est important. Un coiffeur ou un barbier, c’est comme un psy. » La semaine précédente, un de ses collègues s’est faufilé dans un immeuble où trois voisins l’attendaien­t pour une coupe. « Nous nous sommes retrouvés en soussol, sous des néons glauques, masqués et gantés ! » raconte Pierre, l’un des clients. Olivia, elle, a craqué, elle s’est rendue chez son esthéticie­nne. « Comme la plupart des femmes ici, j’ai toujours les ongles impeccable­s, ditelle. Mais là, j’avais vraiment des griffes de yéti. »

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