Confinés mais bien coiffés
Brushing, taille de la barbe : les professionnels de la beauté continuent leur activité en cachette.
Loubnan a accroché les cages de ses canaris à l’entrée de son salon de coiffure à Sin el Fil, petite ville proche de Beyrouth. Un signal pour faire comprendre que l’établissement est ouvert, bien que ses stores restent baissés. Malgré le confinement, imposé le 14 mars, certains professionnels de la beauté travaillent à l’abri des regards. Dans un pays où les apparences sont reines, pas question de faire l’impasse sur son allure. Sur les réseaux sociaux, spas et coiffeurs proposent des services
« à domicile », sans même s’en cacher.
S’il a fermé son salon situé dans la banlieue chic de la capitale, Samit n’en dépêche pas moins en catimini ses garçons coiffeurs chez des dames en mal de brushing. « Je ne supporte plus mes cheveux blancs, mais je ne veux pas acheter de teinture au supermarché », confie Elena, 36 ans. Son coiffeur a déposé sa « mixture » habituelle devant sa porte. Rino, lui, a failli écoper d’une amende de
670 euros, alors qu’il taillait la barbe d’un habitué dans son barbershop.
« Mes clients vont ressembler à des hommes de CroMagnon, grommelletil. Le gouvernement ne réalise pas à quel point notre rôle est important. Un coiffeur ou un barbier, c’est comme un psy. » La semaine précédente, un de ses collègues s’est faufilé dans un immeuble où trois voisins l’attendaient pour une coupe. « Nous nous sommes retrouvés en soussol, sous des néons glauques, masqués et gantés ! » raconte Pierre, l’un des clients. Olivia, elle, a craqué, elle s’est rendue chez son esthéticienne. « Comme la plupart des femmes ici, j’ai toujours les ongles impeccables, ditelle. Mais là, j’avais vraiment des griffes de yéti. »