Les quatre figures de la « Corona-Krise »
Le « Corona-Kaiser » MARKUS SÖDER Ministre-président de Bavière
Non, il ne pense pas à la Chancellerie en se rasant le matin. Non, il ne lit pas les enquêtes d’opinion. Il n’empêche : Markus Söder, 53 ans, ministre-président de la Bavière depuis deux ans, caracole dans les sondages. Premier protestant à diriger la très catholique Union chrétienne-sociale, l’alliée conservatrice et bavaroise de la CDU, il fait l’unanimité sur ses terres, avec 94 % d’opinions positives. Et 27 % des Allemands, séduits par sa poigne dans la gestion de l’épidémie, le verraient bien succéder à Angela Merkel.
Markus Söder a choisi la manière forte pour endiguer l’épidémie, qui a durement frappé son Land. Dès le 16 mars, il a déclaré l’état d’urgence, ordonné la fermeture des écoles et imposé de strictes mesures de confinement. Ce géant de 1,94 mètre a gagné dans l’affaire un surnom : « Der Corona-Kaiser », « l’empereur Corona ».
Monsieur zéro-déficit OLAF SCHOLZ Ministre des Finances et vice-chancelier
Le ministre des Finances Olaf Scholz, 61 ans, souffre d’une allergie sévère : il ne supporte pas les dettes. Mais le vice-chancelier, pilier social-démocrate de la coalition au pouvoir, s’est fait violence pour défendre son économie laminée par le coronavirus. Au diable, le sacro-saint principe du schwarze Null – le déficit budgétaire zéro. Et tant pis pour la règle inscrite depuis 2011 dans la Loi fondamentale, qui proscrit un endettement annuel supérieur à 0,35 % du PIB. L’Allemagne va emprunter 156 milliards d’euros pour financer les aides généreuses accordées à ses entreprises défaillantes, grandes et petites, comme à ses travailleurs indépendants, artistes et artisans.
Mais Olaf Scholz a déjà prévenu ses compatriotes : le pays commencera à rembourser dès 2023. Quitte à mettre à contribution les contribuables les plus aisés. On ne se refait pas.
Le manager de crise JENS SPAHN Ministre de la Santé
Le 16 mai, Jens Spahn aura 40 ans. Mais le ministre de la Santé, soucieux de montrer l’exemple, a annulé sa soirée d’anniversaire. Malgré son jeune âge, ce pilier de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) est un vieux routier de la politique. Entré à 22 ans au Parlement – le record national –, il ne l’a plus jamais quitté. Ce meneur de l’aile dure de la CDU et détracteur du « centrisme » de la chancelière a brigué, en vain, la présidence du parti en décembre 2018. Ce qui n’a pas empêché Angela Merkel de lui confier le portefeuille de la Santé pour tenter de ressouder les rangs.
Propulsé en haut de l’affiche par l’épidémie de Covid-19, Jens Spahn fait un sans-faute. Ou presque. Le 14 avril, une photo le montrant dans l’ascenseur bondé d’un hôpital a enflammé les réseaux sociaux. En bon allemand, cela s’appelle un « faux pas ».
Le virologue star CHRISTIAN DROSTEN Médecin et chercheur
Dans son village de Gross Hesepe, terre agricole de Basse-Saxe plate comme la main, le très sérieux Christian Drosten était déjà une vedette. Désormais, tous les Allemands connaissent ce chercheur de 48 ans, qui a préféré les virus à la ferme parentale. Trois fois par semaine, au micro de la radio Norddeutscher Rundfunk, le patron du département de virologie à l’hôpital berlinois de la Charité décrypte pour eux, pendant une trentaine de minutes, la « Corona-Krise ».
L’homme qui murmure à l’oreille d’Angela Merkel et du ministre de la Santé a très vite soupçonné le coronavirus d’avoir déclenché la pandémie venue de Chine. Il est l’un de ceux qui, en 2003, ont identifié son cousin, le Sars-CoV-1, responsable de la première épidémie de syndrome respiratoire aigu. Avant de mettre au point, avec l’un de ses collègues, un test diagnostic.