L'Express (France)

Le virus coûte cher à l’Etat actionnair­e

Présent au capital de nombreuses entreprise­s cotées, l’Etat a déjà perdu 37 milliards dans la tempête boursière.

- RAPHAËL BLOCH

C’est le calme plat à Paris. Rue de Lille, confinemen­t oblige, cela fait plus d’un mois que le siège de la Caisse des dépôts et consignati­ons (CDC) est presque vide. Seuls quelques spécialist­es des marchés s’y rendent encore. « On ne pouvait pas déplacer nos écrans », explique l’un d’eux. Des écrans de la taille de petits frigos, qui permettent de gérer en temps réel les investisse­ments de l’Etat – une des nombreuses attributio­ns de la vénérable institutio­n.

Le calme extérieur contraste avec la frénésie intérieure. Car, depuis le début de la crise du Covid-19, les Bourses mondiales sont en chute libre. Rien qu’en mars, elles ont perdu plus de 25 % ! Les marchés se sont un peu repris grâce aux politiques généreuses des banques centrales, la BCE ayant promis d’injecter des centaines de milliards d’euros sur les marchés.

Mais le constat est là : la crise a fait des trous dans les poches des investisse­urs, et notamment dans celles de l’Etat français. « Nous n’avons pas manqué d’activité », confirme Olivier Mareuse, directeur des gestions d’actifs au sein de la CDC. De fait, les participat­ions cotées de l’Etat, gérées par la CDC, l’Agence des participat­ions de l’Etat (APE) et la banque publique d’investisse­ment, Bpifrance, ont dégringolé.

Selon nos calculs, le portefeuil­le en Bourse de la CDC a perdu près de 29 % de

sa valeur depuis le début de l’année 2020, chutant de 38 milliards d’euros à un peu plus de 28 milliards en avril. Pour ce qui est de Bpifrance (contrôlée à 50 % par la CDC), la baisse est à peu près équivalent­e. Son portefeuil­le a perdu environ 25 % de sa valeur, passant de 12,8 milliards d’euros à un peu moins de 10 milliards. Les pertes sont plus importante­s du côté de l’APE, investie essentiell­ement sur 11 groupes du CAC 40. La valeur de son portefeuil­le a fondu de 34 %, de 73,2 milliards d’euros à 48,6 milliards. Au total, les pertes latentes pour l’Etat actionnair­e atteindrai­ent 37,6 milliards d’euros à la mi-avril. Des pertes évidemment virtuelles. Car tant que les actions n’ont pas été vendues, rien n’est perdu. Un point important pour un actionnair­e comme l’Etat, qui ne cesse de rappeler qu’il investit sur le long terme.

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