Le virus coûte cher à l’Etat actionnaire
Présent au capital de nombreuses entreprises cotées, l’Etat a déjà perdu 37 milliards dans la tempête boursière.
C’est le calme plat à Paris. Rue de Lille, confinement oblige, cela fait plus d’un mois que le siège de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est presque vide. Seuls quelques spécialistes des marchés s’y rendent encore. « On ne pouvait pas déplacer nos écrans », explique l’un d’eux. Des écrans de la taille de petits frigos, qui permettent de gérer en temps réel les investissements de l’Etat – une des nombreuses attributions de la vénérable institution.
Le calme extérieur contraste avec la frénésie intérieure. Car, depuis le début de la crise du Covid-19, les Bourses mondiales sont en chute libre. Rien qu’en mars, elles ont perdu plus de 25 % ! Les marchés se sont un peu repris grâce aux politiques généreuses des banques centrales, la BCE ayant promis d’injecter des centaines de milliards d’euros sur les marchés.
Mais le constat est là : la crise a fait des trous dans les poches des investisseurs, et notamment dans celles de l’Etat français. « Nous n’avons pas manqué d’activité », confirme Olivier Mareuse, directeur des gestions d’actifs au sein de la CDC. De fait, les participations cotées de l’Etat, gérées par la CDC, l’Agence des participations de l’Etat (APE) et la banque publique d’investissement, Bpifrance, ont dégringolé.
Selon nos calculs, le portefeuille en Bourse de la CDC a perdu près de 29 % de
sa valeur depuis le début de l’année 2020, chutant de 38 milliards d’euros à un peu plus de 28 milliards en avril. Pour ce qui est de Bpifrance (contrôlée à 50 % par la CDC), la baisse est à peu près équivalente. Son portefeuille a perdu environ 25 % de sa valeur, passant de 12,8 milliards d’euros à un peu moins de 10 milliards. Les pertes sont plus importantes du côté de l’APE, investie essentiellement sur 11 groupes du CAC 40. La valeur de son portefeuille a fondu de 34 %, de 73,2 milliards d’euros à 48,6 milliards. Au total, les pertes latentes pour l’Etat actionnaire atteindraient 37,6 milliards d’euros à la mi-avril. Des pertes évidemment virtuelles. Car tant que les actions n’ont pas été vendues, rien n’est perdu. Un point important pour un actionnaire comme l’Etat, qui ne cesse de rappeler qu’il investit sur le long terme.