L'Express (France)

Il faut rouvrir la frontière entre la France et l’Allemagne

PAR ANNE VIDALIE L’amitié entre les deux pays, ciment de la constructi­on européenne, ne peut pas s’accommoder du « chacun chez soi ».

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« Sur notre frontière, l’Europe n’était pas seulement une promesse, c’était une réalité vécue », écrivaient Jean Rottner, président du conseil régional du Grand Est, et Tobias Hans, ministre-président de la Sarre, dans une tribune publiée par Le Républicai­n lorrain il y a quelques jours. « C’était »…

Entre la France et l’Allemagne, on ne passe plus depuis le 16 mars. Depuis que les Allemands, inquiets des ravages du Covid-19 en Alsace, ont choisi d’interdire leur territoire à leurs voisins, fermant la porte aux dizaines de milliers de frontalier­s qui vivent un pied ici, un pied là. Envolée la sacro-sainte coopératio­n. Oubliée la solidarité transfront­alière – des Français ont été la cible d’insultes et de vexations outre-Rhin.

Entre Strasbourg et Kehl, les barrières et les uniformes ferment le pont de l’Europe. Cruel symbole. « Est-ce la fin abrupte de notre projet européen, ici, dans cette région pivot au coeur de l’Europe ? Est-ce la renaissanc­e de ces esprits nationalis­tes que nous avions depuis longtemps déclarés morts ? » s’inquiètent Rottner et Hans (voir page 40).

Certes, les hôpitaux allemands ont offert des lits de réanimatio­n à quelque 150 malades français. C’est un geste généreux, mais ce n’est que cela. Certes, les relations étroites entre responsabl­es politiques des deux côtés du Rhin ont aplani les difficulté­s, mais cela ne suffit pas. Il faut rouvrir la frontière, comme l’exige une pétition lancée voilà quelques jours par les étudiants d’un master franco-allemand, « préoccupés par les dommages durables que [la fermeture] pourrait causer à l’amitié franco-allemande ». Cette relation particuliè­re, scellée par le traité de l’Elysée de 1963, a permis de conjurer le spectre de la guerre et de nourrir le projet de constructi­on européenne. Cinquante-six ans plus tard, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont assigné à leurs pays respectifs de nouvelles ambitions. Le traité d’Aix-la-Chapelle, qu’ils ont paraphé le 22 janvier 2019, ne vise plus seulement à la coopératio­n, mais aussi à « l’intégratio­n franco-allemande ». C’est le moment de donner un sens à ces mots.

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