La voix des vieux sages
PAR ÉRIC CHOL L’idée d’un déconfinement par tranches d’âge a provoqué un tollé, jusque dans les rangs de l’Académie de médecine.
Les trois quarts des personnes décédées du Covid-19 ont 75 ans et plus. Et si l’on intègre les 64-75 ans, on parvient à un total de 90 % des victimes. C’est précisément pour protéger cette « population à risque » que le Dr Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique Covid-19, a osé dire, le 15 avril, que « les personnes d’un certain âge, au-dessus de 65 ans ou de 70 ans », resteraient confinées après le 11 mai. Dans un pays où plus de 1 personne sur 5 a plus de 65 ans, le tollé a été immédiat. Une voix s’est particulièrement distinguée pour défendre les seniors : celle de l’Académie nationale de médecine. En moins de deux semaines, l’institution créée en 1820 a publié trois communiqués sur le sujet. Le 5 avril, elle recommande que « la sortie du confinement soit décidée sur la base de la région et non par classes d’âge ». Le 15 avril, elle explique que « si l’idée de déconfiner les seniors en dernier repose sur le souhait de les protéger, elle tend à en faire des citoyens de second rang ». Message bien reçu : deux jours plus tard, le chef de l’Etat indique qu’il ne souhaite pas de discrimination envers les personnes âgées. Ce qui n’empêche pas l’assemblée des pontes de médecine d’en remettre une couche le 18 avril avec un texte intitulé « Agisme et tensions intergénérationnelles en période de Covid-19 ».
Si les questions philosophiques et sociétales sont bien entendu légitimes, ces prises de position auraient-elles un lien avec l’âge moyen des 135 membres de l’Académie de médecine ? L’Express a fait le calcul : 75 ans…
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