L’épée de Damoclès de la réputation
PAR BÉATRICE MATHIEU Dans les entreprises, la crainte du faux pas et la tyrannie de l’image sont exacerbées par la crise du Covid-19.
C’est la sempiternelle question du faire et du faire savoir. Pas question évidemment de froncer le nez à la vue de tous ces grands groupes qui se sont mobilisés très rapidement pour lutter contre la pandémie, les uns pour fabriquer du gel hydroalcoolique, les autres, des masques ou des respirateurs. Mais derrière l’altruisme du geste et la volonté de participer à « l’économie de guerre » pointe le délicat sujet de l’image des entreprises. Déjà très fragilisées par une récession hors normes, certaines risquent gros en matière de réputation. Il n’y a qu’à voir le récent rétropédalage de Disney, qui, après avoir tenté de se séparer de plusieurs centaines d’intermittents, a finalement décidé de les conserver dans ses effectifs.
A l’heure des réseaux sociaux et du « name and shame », les décisions en matière de distribution de dividendes, de chômage partiel ou de délais de paiement sont décortiquées et exposées au grand jour. Beaucoup de patrons, notamment de PME, sont tétanisés par la crainte du faux pas. Demain, avec le déconfinement, la question de la santé des salariés qui devront revenir dans les magasins, les ateliers ou les usines sera au coeur des préoccupations. Dans la loi, les entreprises ont une obligation de moyens – fournir du gel, des masques, mettre en place les distances nécessaires – alors que la jurisprudence tranche souvent en se basant sur une obligation de résultat, en l’occurrence l’absence de salariés malades. Faudra-t-il qu’un tiers de confiance – l’inspection ou la médecine du travail – valide les plans de déconfinement pour déjouer ce « flou juridique » ? Une des clefs de la réussite du 11 mai prochain.