Assemblée nationale : déconfinement progressif
Le Palais-Bourbon pourrait accueillir 100 personnes dans l’hémicycle dès la semaine prochaine. Une situation qui nécessite des ajustements.
D «e battre le coeur de la démocratie s’est presque arrêté. » Ce 14 avril, sécurité sanitaire oblige, c’est dans un hémicycle quasi vide que résonne la tirade du député ex-LREM Sébastien Nadot. L’élu réclame à Edouard Philippe la réunion du Congrès à Versailles. « Cela enfreindrait sans doute le seuil au-delà duquel il est interdit de se réunir, c’est-à-dire 50 », rétorque le président de l’Assemblée, Richard Ferrand.
« C’est une reprise progressive qui devra se déployer, prévient une source interne à l’Assemblée. Le nombre de participants aux séances ou aux réunions restera réduit pour respecter la distanciation sociale, en particulier dans les salles des commissions, parfois exiguës. Le numérique restera un outil essentiel pour assurer la plus grande diffusion des travaux. »
En concertation avec l’agence régionale de santé, la jauge devrait monter à 100 personnes dans l’hémicycle dès la semaine prochaine. De quoi accueillir 75 députés et une poignée de ministres et de fonctionnaires. Les collaborateurs parlementaires, en revanche, devraient rester encore longtemps en télétravail, privés des précieuses bases de données juridiques hébergées sur un serveur interne. Les services administratifs continuent à plancher sur des scénarios d’élargissement du déconfinement jusqu’à cet été. Quid,
par exemple, de la limite de 100 personnes présentes en même temps ? S’appliquet-elle seulement à l’hémicycle ou à toute l’enceinte de l’Assemblée ?
« L’équation est complexe, résume la questeure LREM Laurianne Rossi. Certains députés estiment qu’il y a une contradiction entre la réouverture partielle des écoles et le fait qu’ils ne puissent pas siéger. » Les questeurs et Richard Ferrand assument de privilégier la prudence et la santé des 4 000 personnes fréquentant les lieux en temps normal. « Rien ne serait pire que de laisser penser aux Français que l’on s’exonère des règles qui leur sont appliquées », ajoute un ministre.
L’intendance doit suivre. « Nous sommes en train d’anticiper le sujet des masques et des tests à l’Assemblée, indique Laurianne Rossi. Le déconfinement pose la question de notre approvisionnement en matériel. » L’hémicycle devait fermer de juillet à septembre pour cause de réfection de la toiture. Les travaux seront décalés « de quelques semaines » afin de laisser aux députés la possibilité de siéger durant l’été. De l’intendance à la politique, il n’y a qu’un pas. Difficile pour le gouvernement d’inscrire des textes clivants à l’ordre du jour tant qu’une majorité de députés ne peut pas les discuter en chair et en os.