Demain, quelle mondialisation ?
THE LEVELLING.
WHAT’S NEXT AFTER GLOBALIZATION PAR MICHAEL O’SULLIVAN. HACHETTE BOOK GROUP, 368 P.
Alors que le débat sur « le monde d’après » bat son plein, un sujet est au premier plan des interrogations : la globalisation de l’économie. Si l’on accepte l’idée que les facteurs clefs du déclenchement de la pandémie du Covid-19 sont justement la mondialisation des échanges et la déstructuration verticale de la chaîne de valeur, qui tend toujours à produire au moindre coût, alors la question d’un changement de modèle se pose. Mais tout le problème est d’imaginer quelles formes il pourrait prendre.
Dans ce livre publié en mai 2019, avant l’arrivée du coronavirus ,Michael O’Sullivan, l’un des anciens dirigeants de l’université de Cambridge, livre une réflexion approfondie sur cette question. Il part d’un constat, largement partagé par les économistes : la mondialisation est le phénomène économique majeur de ces quarante dernières années. Elle s’est produite à un rythme effréné, sous la houlette de la Chine qui a fondé sa révolution économique sur le développement exponentiel de ses exportations, faisant d’elle « l’usine du monde ».
Ce phénomène a provoqué de graves perturbations dans les économies occidentales, poussant les entreprises à reconfigurer leur chaîne de valeur par une extension géographique extrême, évinçant de l’emploi les catégories de travailleurs les moins formées. L’un des effets de cette mondialisation a été de créer, en Europe et aux Etats-Unis, une fracture entre ce que O’Sullivan appelle les « outsiders » et les « insiders », les premiers étant les victimes, les seconds, les bénéficiaires de cette globalisation.
Face à ces inégalités et aux risques qu’elles font courir à nos sociétés, l’auteur appelle à une approche plus équilibrée. Alors que les gouvernements cherchent par tous les moyens à accélérer la croissance par des artifices (politiques des banques centrales, incitations fiscales massives, comme aux Etats-Unis), qui aggravent encore les inégalités, mieux vaudrait s’engager vers des modèles plus authentiques, focalisés sur une croissance organique stable. Cela passe par la priorité donnée à l’éducation et à la formation permanente, à l’innovation, aux infrastructures, et à un système juridique et institutionnel qui renforce la solidarité de la nation. « En réalité, ce dont les gouvernements manquent, c’est d’un mode de pensée tourné vers le long terme. Le succès d’un pays dépend moins de sa force militaire ou de l’importance de son PIB que de sa capacité à privilégier le développement humain, à encaisser les chocs économiques et à créer de la stabilité sociale », écrit Michael O’Sullivan. Des conseils qui résonnent encore plus fort dans les temps actuels.