Daniel-Odon Hurel, Cécile Ladjali, Alberto Manguel
Dominant la route qui mène de Rome à Naples, les hauteurs du mont Cassin virent naître l’un des plus grands idéaux de l’Occident. Au vie siècle, un dénommé Benoît y fonda un monastère et rédigea une règle qui inspire aujourd’hui encore un fascinant modèle de vie communautaire. Dans Les Bénédictins, 11 historiens et théologiens se relaient pour commenter les 73 articles de la règle de saint Benoît et livrer une passionnante histoire de leur interprétation. Organisation du sommeil, des repas, du travail manuel, consignes de silence, soin aux plus âgés : l’essentiel gît ici dans le détail. L’admirable structuration de cette vie sainte et confinée pourrait être, de nos jours, source d’inspiration.
Si la règle de Benoît n’est pas la première du monachisme chrétien, elle est assurément la plus célèbre. Inspirant gouvernants et managers, son rayonnement dépassa largement son premier lectorat encapuchonné. Elle donna surtout à la vie monastique un autre visage, bien éloigné des ermites chevelus du désert d’Egypte et de Syrie, plus portés sur les exploits ascétiques. Organisée autour d’un lieu, d’une règle et d’un abbé, la nouvelle existence qui commence sur le mont Cassin se veut stable et besogneuse. Au modèle de la simple fraternité qui prévalait sur les rives du Nil succède l’obéissance stricte à l’abbé, à la fois père spirituel et administrateur. Pour le moine, la vie communautaire n’est plus une option mais un passage obligé, l’antidote aux illusions et à l’orgueil. Ambitieux et subtil, Les Bénédictins décrit cet équilibre entre Ciel et Terre, élévation de l’âme et humble soumission au quotidien.