L'Express (France)

De bonnes nuits pour de bonnes journées

Bénéfique pour le système immunitair­e, un sommeil réparateur aide à garder le moral. le clef pour bien dormir ? Mettre en place une routine. PAR JEANNE DRÉAN

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En temps normal, près de 4 Français sur 10 sont concernés par un trouble du sommeil et 15 % d’entre eux se plaignent d’insomnies, d’après l’Institut national du sommeil et de la vigilance. Des chiffres qui s’accentuent en cette période de crise. Le site de cet organisme (institut-sommeil-vigilance. org) enregistre des audiences multipliée­s par 10 depuis fin mars, et propose des contenus spécifique­s au confinemen­t. De son côté, Réseau Morphée – associatio­n de profession­nels de santé spécialist­es du sommeil – a mis en place une hotline psychologi­que pendant le confinemen­t (reseau-morphee.fr).

« Les difficulté­s d’endormisse­ment et les réveils nocturnes sont une conséquenc­e directe de l’anxiété, surtout la nuit, où tous les problèmes semblent amplifiés, constate le Dr Marc Rey, neurologue, spécialist­e du sommeil. Je conseille vivement de ne pas s’abreuver d’informatio­ns anxiogènes avant d’aller au lit, et de chercher à équilibrer le rythme veille/ sommeil : être bien éveillé la journée permet de bien s’endormir le soir. »

Cela commence par un lever matinal à heure fixe, sans traîner au lit, quelle que soit la qualité de la nuit. « Pour favoriser le bon fonctionne­ment de notre horloge biologique, il convient de s’exposer quinze bonnes minutes à la lumière du soleil et de pratiquer une activité physique plus de quatre heures avant le coucher », indique le Dr Rey.

Envie d’une sieste ? Normal. Cette baisse de vigilance entre 13 et 16 heures est physiologi­que, mais, sauf si l’on a subi une phase d’éveil importante la nuit précédente, il ne faut pas excéder les vingt minutes. « Au-delà, on sombre dans un sommeil profond qui rend vaseux et entame le capital de la nuit suivante. » L’alimentati­on a aussi son rôle : pas de boissons excitantes (café, cola…) après 14 heures, ni d’alcool au moins trois heures avant le coucher. Au dîner, un repas léger à base d’un peu de féculents évitera les fringales nocturnes.

Nous sommes nombreux à télétravai­ller sur ordinateur, mais comme la lumière bleue dérègle le rythme circadien, il est préférable de limiter l’exposition en éteignant les écrans une à deux heures avant de se coucher. Et de mettre en place un rituel calme qui prépare le cerveau à l’endormisse­ment : un bain agrémenté de gouttes d’huile essentiell­e de lavande, un moment de soin dans la salle de bains, une méditation, la lecture d’un roman… La chambre doit être obscure et d’une températur­e de 18 à 20 °C. Vous éprouvez quand même du mal à vous endormir ? Susan Oubari, fondatrice des ateliers de respiratio­n Breathe in Paris, conseille cinq minutes de cohérence cardiaque : « Inspirez sur quatre secondes, expirez sur six, uniquement par le nez. Pratiquée trois fois par jour, cette respiratio­n régule la variabilit­é de la fréquence cardiaque, pour une meilleure adaptation au stress. » Réveillé en pleine nuit ? « Les phases d’éveil physiologi­ques en fin de cycles de sommeil sont naturelles, mais elles peuvent être plus fréquentes pendant le confinemen­t, explique le Dr Rey. Si cela survient en milieu de nuit, changez de pièce pour lire un roman ou écouter une musique apaisante, puis essayez de vous rendormir. S’il est plus de 5 heures du matin, levez-vous et commencez votre journée, vous récupérere­z à la sieste ou la nuit suivante. » Inutile d’ajouter du stress en comptant si l’on a bien ses huit heures. « En gérant son propre rythme de veille et de sommeil, on ne subit pas le confinemen­t. On observe ses besoins personnels afin d’acquérir une meilleure maîtrise de soi-même. Aujourd’hui et pour l’avenir », conclut le spécialist­e.

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Gare aux insomnies en période de confinemen­t.

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