A la poursuite du noir absolu
Certains papillons sont si sombres qu’ils sont de véritables « pièges à lumière ». Des chercheurs s’en s’inspirent pour, par exemple,réduire la pollution lumineuse.
N «oir, c’est noir », dit la chanson. Mais, pour les scientifiques, ce n’est pas tout à fait exact : il existe des noirs bien plus intenses que d’autres. Les plus obscurs font même l’objet de recherches spécifiques car, placés sous forme de couches sur différentes surfaces, ils peuvent devenir très utiles. « Camouflage, protection contre les lumières indésirables… De nombreuses applications sont possibles », confirme un expert. Le problème ? Produire un noir quasi parfait tient de la gageure.
« Pour qu’un objet paraisse parfaitement sombre et sans relief, il doit posséder une forte capacité d’absorption de la lumière et un faible coefficient de réflexion », explique Jean-Michel Courty, professeur de physique à Sorbonne Université (Paris). Or les deux ne vont pas toujours de pair. Le graphite, par exemple, absorbe bien la lumière, mais il la reflète
aussi beaucoup lorsqu’on l’étale sur une surface plane. Dans la nature, il existe pourtant des noirs quasi parfaits. Certaines espèces de papillons, comme Catonephele numilia, Parides iphidamas, ou encore Heliconius doris, possèdent des ailes si sombres qu’elles reflètent à peine 0,06 % de la lumière qu’elles reçoivent.
« Ces membranes hors du commun se révèlent de 10 à 100 fois plus noires qu’un morceau de charbon », ont constaté des chercheurs de l’université Duke (Caroline du Nord) qui étudient ces spécimens à l’aide de microscopes électroniques capables de grossir une image 20 000 fois. Leur secret ne réside pas dans un surcroît de mélanine, ce pigment responsable de la couleur noire des corbeaux. Il tient à la structure même des ailes. Elles sont parsemées de trous, de piliers et de cavités dans lesquels la lumière se réfléchit jusqu’à