TERRES BRÛLÉES PAR ÉRIC TODENNE. VIVIANE HAMY, 320 P., 19 €.
Ils sont apparus sur la scène littéraire en 2018 avec Un travail à finir. Ils car sous le pseudonyme d’Eric Todenne se cachent deux auteurs, Eric Damien, Vosgien enseignant au lycée français de Düsseldorf, et Teresa Todenhoefer, une Espagnole francophile vivant elle aussi en Allemagne. Un tandem efficace qui, après avoir fouraillé dans les exactions de la guerre d’Algérie, s’attache aujourd’hui à l’antisémitisme et aux rancoeurs franco-germaniques suscitées en Moselle par les deux guerres mondiales. Pour broder autour de ces exercices de mémoire, les coauteurs ont façonné un personnage à leur mesure : Andreani, lieutenant à la brigade criminelle de Nancy, aux méthodes efficaces mais pas toujours orthodoxes. Désabusé à souhait, mélomane partagé entre Bach et les cadors du jazz, il est heureusement épaulé par son coéquipier Laurent Couturier, un as des probabilités et des pépites informatiques, et par la psy Francesca Rossini. Autre protagoniste réconfortant, « le Grand Sérieux », patron du bistrot du même nom, latiniste hors pair. Autant de personnages finement ciselés et diablement humains.
Alors que le commissariat est sous le coup d’une inspection de l’IGPN, Andreani et Couturier sont sommés de boucler le dossier de l’incendie d’un pavillon ayant entraîné la mort de son propriétaire, un notaire sans aspérités – un cas a priori simplissime. Reste qu’il manque le rapport d’autopsie et celui de l’expert des assurances. Tirant les fils, remontant le temps, Andreani et ses compères vont détricoter une sombre affaire de propriétés agricoles et de vengeances sur fond de spoliations. L’occasion, pour le lecteur, de se rafraîchir la mémoire sur ces terres ballottées par l’Histoire, tout en s’attachant à ce sympathique duo de flics.