L'Express (France)

Le casse-tête des aides à domicile

Entre fermeture des frontières et quarantain­e, les auxiliaire­s de vie originaire­s de l’Est de l’Europe se retrouvent bloquées dans leurs pays.

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Affrété par la région de Basse-Autriche, un avion de la plus haute importance a atterri à l’aéroport de Vienne, le 30 mars. A son bord, 231 aides à domicile venues de Roumanie et de Bulgarie, contrainte­s de se confiner quatorze jours avant de pouvoir travailler. D’autres convois spéciaux, par air ou rail, devraient suivre : rien n’est trop beau pour faire venir en Autriche ces précieuses auxiliaire­s de vie, dont la difficulté d’accès au pays pourrait avoir des conséquenc­es dramatique­s.

L’écrasante majorité des 60 000 à 70 000 aides à domicile, assurant la prise en charge vingt-quatre heures sur vingtquatr­e de personnes âgées ou dépendante­s, sont originaire­s de Roumanie, de Slovaquie et de Bulgarie. D’ordinaire, elles alternent des périodes de deux à quatre semaines de travail en Autriche et de retours dans leurs pays. La fermeture des frontières ont mis à mal ce fonctionne­ment.

« C’est très compliqué de traverser la Hongrie », explique l’une d’elles. Alors que sa vacation débutait le 23 mars, elle est actuelleme­nt bloquée chez elle, en Roumanie. « Je veux retourner en Autriche, c’est mon métier, et j’ai besoin de cet argent, ajoute-t-elle. Quand on ne travaille pas, on ne perçoit pas d’allocation­s chômage. » Actuelleme­nt, elle estime perdre 900 euros par mois. A l’inverse, d’autres aides à domicile déjà présentes en Autriche souhaitent rentrer chez elles, mais elles craignent de ne

pouvoir revenir ensuite ou de devoir se soumettre à deux semaines de quarantain­e.

L’Autriche, où 33000 personnes dépendent de services d’accompagne­ment à domicile, cherche donc des solutions. Une prime de 500 euros sera versée aux aides acceptant de rester plus longtemps. « Elle n’est pas suffisante et devrait monter à 1 000 ou 1 500 euros, estime cependant Klaus Katzianka, gestionnai­re d’une agence de services à la personne. Les autorités affirment que les plus précaires pourront bénéficier d’un fonds, mais la barrière de la langue, entre autres facteurs (éloignemen­t, accès à Internet), complique les démarches, voire les rend impossible­s. »

Les acteurs de la filière appellent donc les autorités à tester les aides à domicile pour écarter les cas positifs au coronaviru­s, afin d’éviter les périodes de quarantain­e et de faciliter leurs allers-retours entre l’Autriche – qui a mis en oeuvre, à compter du 14 avril, un plan de reprise progressiv­e des activités – et leurs pays d’origine. La chambre de commerce de Vienne a appuyé cette demande et insiste sur l’urgence de la situation, alors que des milliers de personnes âgées dépendante­s risquent de perdre cette prise en charge quotidienn­e. « Si l’on échoue à trouver des solutions politiques adaptées, le système de l’aide à domicile vingt-quatre heures sur vingt-quatre va s’effondrer », alerte Klaus Katzianka.

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