L'Express (France)

LE SANITAIRE PRIME SUR L’ÉCONOMIE ET L’EXPRESSION DÉMOCRATIQ­UE

- PAR SYLVAIN MAILLARD

Le calendrier est clair. Le président de la République a posé comme objectif une sortie progressiv­e du confinemen­t à partir du 11 mai. La loi d’urgence du 23 mars prévoit de prendre une décision sur l’organisati­on des municipale­s avant la date du 23 mai. Il faut donc décider entre le 11 mai et le 23 mai, en s’appuyant sur un rapport du conseil scientifiq­ue, si l’on peut voter le 21 juin. Imagine-t-on que les Français auront envie de se projeter dans une campagne électorale ? Cela me semble politiquem­ent difficile, voire impossible.

Comment concevoir que des personnes âgées – à l’image de mes parents, que je ne peux apercevoir que sur leur balcon – aillent donner leur suffrage sereinemen­t le 21 juin alors que des risques pèseront sans doute encore sur leur santé ? Est-ce que les Français auront la tête à une campagne municipale s’ils se demandent comment garder leur job ou sauver leur entreprise ? Si une partie de la population n’est pas en mesure d’aller voter, nous sommes face à un problème démocratiq­ue. Je ne veux pas sous-estimer l’impact d’un report des municipale­s sur l’investisse­ment des collectivi­tés locales. Mais il me semble que la latence observée dans ces investisse­ments est surtout due au Covid-19. Que les nouvelles équipes municipale­s soient en place ou non, il ne se passera sans doute rien avant l’été à cause de l’épidémie.

Un autre argument plaidant pour un report des municipale­s est l’organisati­on de la rentrée scolaire de septembre. Il me paraît compliqué pour une équipe élue le 21 juin et installée au début du mois de juillet de gérer la rentrée, les places en crèche, les cas particulie­rs ou difficiles, etc. Il y a toujours quelques semaines un peu compliquée­s pour les nouveaux élus. Pendant la tempête, on ne change pas les équipes.

Pour le moment, nous avons choisi collective­ment de faire primer le sanitaire sur l’économie et l’expression démocratiq­ue. Notre démocratie a besoin de sérénité. Le taux d’abstention que nous avons observé le 15 mars ne reflétait pas entièremen­t cette sérénité. Prenons le temps de la retrouver. ✷

Sylvain Maillard est député (LREM) de Paris

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