L'Express (France)

Déconfinem­ent : le pari de la responsabi­lité individuel­le

Au-delà des moyens, la réussite dépendra du respect des mesures annoncées, donc de la confiance en la pertinence du plan.

- PAR STÉPHANIE BENZ

Le déconfinem­ent à la française repose sur un pari : l’adhésion du plus grand nombre à la stratégie proposée par le gouverneme­nt. La responsabi­lité individuel­le se trouve au coeur du dispositif. Liberté de se faire tester ou non si l’on présente des symptômes, de télécharge­r ou non l’applicatio­n de traçage des malades et de leurs contacts si elle finit par être mise à dispositio­n, de répondre ou non à une enquête épidémiolo­gique, de se mettre à l’isolement ou non si l’on est infecté ou si l’on a été en rapport avec un cas, de porter ou non un masque hors de chez soi (sauf dans certaines circonstan­ces où ils seront obligatoir­es), de rester confiné ou non pour les personnes les plus à risque et de plus de 70 ans… Beaucoup, de fait, est laissé au libre arbitre de chacun.

Dans cette prochaine étape, la tâche des pouvoirs publics, bien sûr, est immense. Le gouverneme­nt doit rendre disponible­s masques, tests, moyens humains et numériques pour le traçage… Il lui faudra aussi trouver des solutions afin de garantir la distanciat­ion sociale dans les transports en commun ou à l’école. Mais, au-delà de ces nécessités, nous devrons tous nous impliquer. Les mesures barrière n’ont de sens que respectées par tous. Les masques n’auront un impact sur la circulatio­n du virus que si nous les portons tous. Pour être efficace, la stratégie de traçage doit concerner une très large proportion des personnes symptomati­ques et de leurs relations. C’est la grande leçon à retenir des pays asiatiques, qui bénéficien­t certes d’un haut niveau d’équipement, mais où les population­s, souvent de gré, parfois de force, ont observé ces règles.

En France, toute contrainte paraît largement écartée, au nom de nos principes démocratiq­ues et aussi, paradoxale­ment, de l’efficacité. « L’obligation, cela ne marche pas ; il y a tout de suite la tentation de chercher à contourner la règle », explique un membre du conseil scientifiq­ue, prenant l’exemple des milliers de Parisiens s’exilant au début du confinemen­t. Or, dans cette épidémie, la liberté des uns s’arrête là où commence la santé des autres. Reste donc aux pouvoirs publics à se montrer convaincan­ts, afin que chacun comprenne que l’étape qui va s’ouvrir « sera moins un déconfinem­ent qu’un confinemen­t avec de nouvelles modalités », comme le précise un expert. Pour cela, il faudra regagner la confiance des Français. Un défi, au regard des couacs à répétition des derniers mois. En cas d’échec, les libertés que pourraient prendre les uns se traduiront par un épisode supplément­aire de confinemen­t pour tous.

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