L'Express (France)

Autoentrep­reneurs : la double peine

La moitié d’entre eux prévoient un chiffre d’affaires nul en avril et mai, et leurs aides sont limitées.

- NATHALIE SAMSON

Les autoentrep­reneurs, premières victimes économique­s du coronaviru­s ? Ils vont en tout cas y laisser beaucoup de plumes. La moitié d’entre eux prévoient un chiffre d’affaires nul en avril et mai, et 1 sur 4 qu’il va baisser de 75 %, selon un sondage de la Fédération nationale des autoentrep­reneurs (Fnae) réalisé début avril auprès de 2 329 d’entre eux. Seuls 6 % pensent passer à travers les gouttes.

Un véritable coup de massue pour 450 000 d’entre eux, qui n’ont pas d’autre source de revenus.

« Avant même les problémati­ques de trésorerie, la question de la fin de mois a vite surgi », souligne Grégoire Leclercq, président de la Fnae. « Il faut remplir le frigo », témoigne Emilie Fabrizi. Psychologu­e pour enfants à Herserange, en Meurthe-et-Moselle, elle n’a eu que quatre rendez-vous depuis le 16 mars. Problème : elle ne rentrait, au début, dans aucune des cases qui lui auraient permis de décrocher une aide. « Mon métier continuait à s’exercer, mon chiffre d’affaires était en croissance, et mon arrêt pour garde d’enfant a été refusé car j’ai une profession libérale qui ne relevait pas d’un domaine couvert. » Une position que la Caisse primaire d’assurance maladie a depuis revue.

Mais comment faire bouillir la marmite ? « La Sécu a versé en moyenne 10 euros par jour aux autoentrep­reneurs, s’indigne François Hurel, président de l’Union des autoentrep­reneurs (UAE). Ils ont bigrement besoin du fonds de solidarité. » Critiqué pour ses conditions trop étroites, il vient d’être redimensio­nné. Résultat : au moins 350 000 autoentrep­reneurs pourraient percevoir cette aide, pouvant aller jusqu’à 1 500 euros en avril. Un peu plus de deux fois plus qu’en mars.

Et après ? « Il faut prolonger le dispositif jusqu’en août », plaide Grégoire Leclercq. François Hurel demande la création d’un prêt spécifique « relance » de 20 000 à 40 000 euros. Deux voies pour un même objectif : ne pas laisser les microentre­prises à quai.

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