Colbert superstar
COLBERT. UNE SOURCE D’INSPIRATION POUR LES DÉCIDEURS D’AUJOURD’HUI SOUS LA DIRECTION DE MARC-DANIEL SEIFFERT ET DE JEAN-PAUL MÉREAUX. EYROLLES, 332 P., 24 €.
Quatre siècles après sa naissance, Colbert seraitil en train de redevenir moderne ? Certes, l’ombre du contrôleur général des finances de Louis XIV n’a jamais vraiment cessé de hanter les couloirs des ministères de l’Industrie ou de l’Economie. Mais, il faut le reconnaître, le dernier avatar du colbertisme, l’« Etat stratège », inventé dans les années 1980, n’avait pas résisté à la mondialisation libérale qui a déferlé après la chute du mur de Berlin. Jusqu’à ce que la crise financière de 2008 et surtout la pandémie de Covid19 mettent en évidence les fragilités d’un système reposant sur l’assemblage de produits fabriqués en flux tendu à partir de composants venus de la planète entière. Résultat : les priorités redeviennent la souveraineté économique et le rapatriement sur le sol national de productions stratégiques, qu’il faudra bien encourager d’une façon ou d’une autre par la commande publique ou les subventions. Autrement dit, du colbertisme pur jus, tel qu’il n’a cessé d’être présenté – ou plutôt caricaturé – dans les manuels scolaires de la République.
Le premier mérite de cet ouvrage collectif dirigé par MarcDaniel Seiffert et JeanPaul Méreaux est de mettre en cohérence, loin des clichés, ce que fut vraiment le colbertisme. Une ambition absolue, d’abord : la souveraineté politique et économique. Des principes, ensuite : une vision à long terme, une approche transversale, un pragmatisme fondé sur l’observation des réalités du terrain. Des instruments, enfin : du protectionnisme, mais temporaire ; des dépenses publiques, mais destinées à être investies dans les infrastructures, la recherche et la formation ; des efforts industriels, mais pour