Redonnez du pouvoir à votre odorat
les vertus apaisantes, dynamisantes ou euphorisantes des parfums influencent notre bien-être et soulagent autant le corps que l’esprit.
Jasmin et ciste apaisants, rose aphrodisiaque, mélisse dynamisante… A la seule évocations de ces essences, un bien-être nous envahit déjà. Convoquer les jardins exerce, depuis la haute Antiquité, un effet médicinal sur notre psychisme. Un sujet qui, ces derniers temps, inspire particulièrement les jeunes entrepreneurs, fondant leurs nouvelles maisons de parfum sur le pouvoir des odeurs (voir ci-contre) et leurs promesses sur nos états d’âme. Notons dans le même temps les élans d’émotion qui nimbent les derniers grands lancements : Joy de Dior, Mémoire d’une odeur de Gucci, ou Libre d’Yves Saint Laurent. Qu’ont en commun l’aromathérapie (l’utilisation d’huiles essentielles à des fins thérapeutiques, spécialité de médecine), l’aromachologie (l’étude de l’influence des odeurs sur nos émotions) et les compositions des maisons de parfumerie dites de luxe ? Toutes promettent d’utiliser les meilleurs extraits de la nature, huiles essentielles ou absolues et résinoïdes afin de nous faire du bien.
« Le parfum a toujours fait partie de l’arsenal des remèdes aux angoisses et des moyens de se détendre et se réjouir, raconte l’anthropologue, historienne et philosophe Annick Le Guérer, auteure du Parfum des origines à nos jours (Odile Jacob). Apparu au xvie siècle av. J.-C., le premier parfum connu, appelé kyphi, soignait à la fois le corps (les maladies intestinales et hépatiques) et l’esprit. Il délivrait des tensions et soucis de la journée, et rendait joyeux. « Comme le faisait le vin d’ailleurs, mais sans le recours à l’ivresse », précise l’historienne. Dix siècles plus tard, les bûchers de bois odorants viennent chasser les épidémies des rues d’Athènes ; au xviie siècle, les effluves du tabac parfumé à l’ambre gris (un rejet naturel de cachalot) ou à la civettone (une puissante sécrétion de la civette, qui a donné son nom à nos bureaux de tabac) promettent de fortifier le cerveau. On se souvient également de l’addiction de Napoléon à l’eau de Cologne (citron bergamote, romarin, lavande…) qu’il utilisait pour se dynamiser et se protéger des miasmes des champs de bataille. Au xxe siècle enfin, chacune a rêvé de soigner comme Marilyn son vague à l’âme nocturne avec quelques gouttes de Chanel n° 5. Les parfums aimés n’ont pas leur pareil pour nous procurer joie, douceur ou énergie.
Si l’aromathérapie et l’aromachologie ne sont pas aujourd’hui au programme des études de parfumerie, rien n’empêche de s’en inspirer, selon ses affinités. Le nez Aliénor Massenet –créatrice, entre autres, d’Ocean Leather pour Memo, de Victoire pour l’Officine universelle Buly ou de Couleur vanille pour L’Artisan parfumeur – anime des ateliers olfactifs en hôpital de jour mis en place grâce au CEW (Cosmetic Executive Women, www.cew.asso.fr). Elle y constate le lien étroit entre olfaction et mémoire et leurs effets stimulants. « La parfumerie est là pour nourrir notre joie et des choses plus profondes encore », affirme-t-elle. Chaque odeur possède sa vibration, son univers et son effet sur notre psyché, et peut nous aider à réactiver de façon très directe des sensations enfouies de bonheur ou de nostalgie. Une façon puissante et délicate d’accéder à des émotions bénéfiques et à une vision positive de ce qui nous entoure.