Joe Wilkins, Nathalie Azoulai, Louisa Hall
PAR JOE WILKINS, TRAD. DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR LAURA DERAJINSKI. GALLMEISTER, 320 P., 23 €.
Le Montana a déjà inspiré nombre d’écrivains géniaux – Jim Harrison en tête. Joe Wilkins fait assurément partie de la relève. Comme ses prédécesseurs, l’auteur puise dans la nature omniprésente et la brutalité des hommes de ce coin d’Amérique matière à raconter les fractures de son pays. Wendell Newman est un employé de ranch, qui n’a plus de terres – elles ont été vendues –, plus de famille – sa mère est morte, son père a disparu. Son quotidien est fait de conserves de pâtes au poulet réchauffées au micro-ondes, de cannettes de Keystone Light et de mobile home. Plus jeune, au lycée, il a cru pouvoir s’évader grâce au basket et à la littérature, mais c’était avant, avant que son père ne commette un acte irréparable.
Depuis, il marche sur la crête étroite qui sépare deux camps irréconciliables, dans une région où les milices séparatistes font la loi contre les fédéraux, où les écologistes sont mal vus, où un gamin qui ne vient plus à l’école se permet de dire qu’il « se fout de l’Etat » quand il se fait rappeler à l’ordre. Longtemps, Wendell s’est tenu en marge de ces mondes. Ces montagnes à jamais est le récit des quelques jours où il devra choisir. Il est alors question de rédemption, de vengeance, de père retrouvé, d’enfant à sauver. Un univers sombre qu’éclaire Joe Wilkins de son écriture poétique et vive. Son roman choral fait entendre la voix de ses personnages avant même qu’on comprenne leur rôle, laissant à chacun une chance d’être autre que ce que les hasards de la vie lui ont imposé.