L'Express (France)

OUI / PAS D’IMMUNITÉ POUR DES DOMMAGES CAUSÉS PAR DES DÉCISIONS JURIDIQUEM­ENT RÉPRÉHENSI­BLES

- Philippe Olivier, député européen du Rassemblem­ent national et conseiller spécial de Marine Le Pen. PAR PHILIPPE OLIVIER

La France s’enorgueill­it à juste titre d’être un « Etat de droit », c’est-à-dire un système institutio­nnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit dans l’adoption des règles, pour leur applicatio­n par les autorités ou pour leur éventuelle sanction par la justice. A ce titre, la responsabi­lité pénale d’un élu peut être engagée lorsque dans l’exercice de sa mission une faute a été constatée. On se souvient de cette affaire de la chute d’un panneau de basket qui avait valu des poursuites à un maire.

Cette responsabi­lité pour dommage à autrui relève des tribunaux. Elle n’a rien à voir avec l’arbitrage des électeurs qui s’exprime par un vote. Dans la crise du coronaviru­s, il y a certes des décisions qui relèvent du débat politique et donc du jugement des citoyens. Pour autant, il n’y a pas dans notre pays d’immunité pour des dommages causés à des personnes du fait de décisions juridiquem­ent répréhensi­bles. La liste est longue : négligence­s graves, manquement à des obligation­s de sécurité, mise en danger de la vie d’autrui… Dans la crise, des décisions politiques ou administra­tives méritent des explicatio­ns.

Par exemple, le 19 mars, un ordre peu compréhens­ible a été donné aux policiers de retirer leur masque ; il a été annulé par la suite. Le signataire de cet ordre aurait-il pris la même décision s’il s’était agi de son fils ? De même, des malades du Covid-19 résidant en Ehpad n’auraient pas été hospitalis­és, mais simplement mis à l’isolement avec un traitement palliatif. N’est-ce pas là une violation de principes médicaux et même simplement humains ?

Les syndicats représenta­nt les profession­s comme les familles de personnes décédées dans ces circonstan­ces ont le droit de savoir. Il ne s’agit évidemment pas de dresser des guillotine­s sur la place de la Concorde, mais de trouver la justice dans la sérénité des procédures en vigueur et devant les instances compétente­s.

Newspapers in French

Newspapers from France