Mais que fait François Baroin ?
Le président de l’Association des maires de France a choisi la discrétion depuis le début de la crise. Au risque de renforcer les doutes sur son appétit élyséen.
Si vous cherchez François Baroin, n’allumez pas votre télévision, ne branchez pas votre radio, ne surveillez pas les réseaux sociaux. Vous avez peu de chances d’y trouver une mention du président de l’Association des maires de France, qui – excepté une interview au Figaro le 30 avril – a choisi de garder le silence depuis le 15 mars, jour du début du confinement. « Je suis très concentré sur ma mission de maire, qui est de protéger la population », accepte-t-il exceptionnellement de confier à L’Express.
Sur la gestion gouvernementale de la crise, il se refuse aux critiques. Pas son rôle, jure l’ancien ministre de l’Economie. Pas le moment non plus. « Je me mets à la place de ceux qui prennent les décisions. Pour avoir été en responsabilité, je suis conscient de la difficulté de gouverner », assure le maire de Troyes (Aube). Une réserve coutumière chez François Baroin. Déjà, en janvier, son silence sur la « circulaire Castaner », qui modifiait la présentation des résultats des élections municipales, avait fait jaser. « La polémique n’est pas à la hauteur de François Baroin », répondaient alors ses proches. Quid de l’épidémie de Covid-19, qualifiée par Macron de « plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle » ? N’est-elle pas à la hauteur d’un homme dont on évoque souvent les ambitions pour la prochaine élection présidentielle ?
Au sein des Républicains, la réserve du Troyen inquiète. Dans un parti ravagé depuis la défaite de 2017, nombreux sont ceux qui aimeraient voir en lui l’incarnation de la relève. Mais, jusqu’ici, le taiseux a tout fait pour éviter de se prononcer. Avant le confinement, il corrigeait gentiment les jeunes députés qui, pour le charrier, le saluaient dans les couloirs du parti d’un tonitruant : « Bonjour, Monsieur le Président ! » Son silence serait-il le signe du renoncement ? Les avis divergent. Ceux qui ont toujours douté du courage du bébé Chirac y voient une confirmation. « Vous y avez déjà cru, vous, à l’hypothèse Baroin ? » grince un ténor de LR. Ceux qui le soutiennent ont le blues. « La séquence ne lui est pas très favorable… » glisse un ancien ministre. A tous ceux qui lui conjurent de sortir de sa réserve, il rétorque : « C’est le temps du pouvoir et des experts. »
Son ami, le ténor du barreau Francis Szpiner, se veut rassurant : « Les gens oublient toujours que François a été journaliste, et qu’il sait très bien gérer le temps médiatique. » Mais gare à l’excès de prudence. « Il faut, parmi le monde, une vertu traitable ; à force de sagesse, on peut être blâmable », prévient Philinte dans Le Misanthrope. Une trop grande retenue pourrait aussi nuire à la santé politique.