L'Express (France)

Hongkong Veillée d’armes our les « braves »

Paralysés par le Covid-19 et la répression, les derniers insurgés de la ville rebelle se préparent à repartir au combat contre le gouverneme­nt pro-Pékin.

- PAR ANNE-SOPHIE LABADIE (HONGKONG)

Combattant en première ligne dans les manifestat­ions anti-Pékin qui ont secoué Hongkong l’an dernier, Cyd regrette de ne plus pouvoir retrouver se camarades pour élaborer avec eux des plans d’action. Et peste contre cette épidémie qui sert les intérêts du gouverneme­nt local, à la solde du régime communiste chinois. « Les autorités se servent du virus pour accroître la répression et la surveillan­ce », soupire le jeune homme, qui a momentaném­ent mis au placard sa tenue noire, son casque et son masque à gaz. Bien décidé à ce que Hongkong ne devienne pas une ville chinoise comme une autre, privée de libertés, il se prépare « physiqueme­nt et mentalemen­t » chez lui, afin d’être « plus fort lorsque les manifestat­ions reprendron­t ».

En janvier, dopée par le triomphe des candidats prodémocra­tie aux élections locales de novembre, la contestati­on était encore vivace dans la région chinoise semi-autonome. Autorisé, le défilé du 1er janvier a réuni plus de 1 million de personnes, selon les organisate­urs. L’épidémie a stoppé net cet élan, et privé les protestata­ires de leur principal champ de bataille : la rue. La mégalopole n’a jamais imposé de confinemen­t, mais n’en a pas moins interdit les rassemblem­ents en mars. Dans une zone traumatisé­e par le virus du Sras de 2003, la peur du Covid-19 a poussé les 7,5 millions d’habitants à se cloîtrer, et les frontliner­s, les éléments radicaux, souvent logés chez leurs parents, à se faire plus discrets. « Tout se passe désormais en coulisses », assure Cyd via une messagerie sécurisée, par crainte d’être identifié.

Après les violents affronteme­nts qui ont eu lieu à l’université polytechni­que à la mi-novembre, où des centaines de manifestan­ts s’étaient retranchés, « beaucoup de “braves” ont été arrêtés, comme plus de 7 600 personnes depuis juin dernier, raconte l’un d’eux, Chung-hang. Notre capacité de mobilisati­on a été entamée. Alors on a décidé de ne plus se battre frontaleme­nt contre la police, qui dispose de davantage de forces et d’armes ».

Les militants ont donc opté pour des actions éclair, aussi spectacula­ires qu’éphémères. Mais, traqués par les autorités et, surtout, paralysés par le virus, ils ont aussi dû y renoncer. Pendant cette trêve forcée, nos interlocut­eurs, âgés d’une vingtaine d’années, disent cependant

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Le 26 avril dans les rues de Hongkong, des opposants se dissimulen­t le visage à l’aide de masques contre le coronaviru­s.

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