Istanbul On a trouvé le Pr Raoult turc
L’hématologue Ercüment Ovali affirme avoir mis au point un vaccin contre le Covid-19. Il est aussi encensé et critiqué que son confrère marseillais.
Comme Didier Raoult, Ercüment Ovali arbore des cheveux longs et une barbe poivre et sel. Il ne cache pas non plus son plaisir d’être sous le feu des projecteurs et jouit d’une certaine popularité – chose inhabituelle pour un scientifique – sur les réseaux sociaux. Tel son confrère marseillais avec la chloroquine, cet hématologue turc âgé de 59 ans, directeur du laboratoire de thérapie cellulaire de la clinique Acibadem d’Istanbul, affirme avoir trouvé la parade à l’épidémie de Covid-19. Et lui aussi agace une bonne partie du milieu médical de son pays.
En direct sur la chaîne d’information Habertürk TV, le médecin a présenté le vaccin qu’il aurait mis au point avec son équipe. « Les tests in vitro ont été réussis et l’expérimentation sur les animaux a commencé le 24 avril », a-t-il précisé. Son supposé remède utilise une enzyme, la dornase alfa, habituellement employée pour traiter les maladies pulmonaires comme la mucoviscidose. « Le plus gros avantage est que notre vaccin est naturel, a-t-il détaillé. L’inconvénient est qu’il ne peut pas être produit en grande quantité, mais il pourra sauver une population à risque. » Les recherches du professeur turc portent aussi sur les cellules souches et sur le plasma sanguin comme possibles barrières immunitaires.
Ses annonces lui ont valu des remontrances publiques de la part du ministre de la Santé, Fahrettin Koca. Ce dernier, qui est également le médecin personnel du président Erdogan, a estimé qu’on ne pouvait pas « jouer avec l’espoir des gens sur les réseaux sociaux ». La réponse de l’intéressé ne s’est pas fait attendre. « Monsieur le ministre est très correct, c’est sans doute une erreur de communication. » Une précision, toutefois : le ministre de la Santé est aussi le fondateur d’une chaîne d’hôpitaux privés concurrente de celle du chercheur.
Cet échange aigre-doux reflète en tout cas les divergences d’analyse qui traversent les milieux médicaux et politiques en Turquie face au virus. Malgré un système de santé performant, ce pays est le plus touché du MoyenOrient, avec plus de 124 000 cas au
3 mai. Mais le nombre de décès y est officiellement d’environ 3 336. Un chiffre contesté, alors que l’information reste étroitement contrôlée par les autorités.