Agnès Riva, Nathalie Peyrebonne, Ernest J. Gaines
VILLE NOUVELLE
PAR AGNÈS RIVA. GALLIMARD/L’ARBALÈTE, 258 P., 19,50 €.
D’une zone pavillonnaire à une ville nouvelle de la banlieue parisienne, de Géographie d’un adultère, son premier roman, à celle d’un couple au début des années 1990, Agnès Riva, la quarantaine, s’est forgé un style et un univers des plus singuliers. D’une écriture blanche, à l’économie, elle décrit l’entrée dans la vie d’adulte de Chrystelle, 19 ans, qui vient d’hériter de son père un deux-pièces fonctionnel de 50 mètres carrés au 15e étage d’une résidence, doté d’un balcon avec « vue futuriste ». Construite sur un modèle de modernité urbaine datant des années 1970, la ville nouvelle était censée garantir le « bonheur de vivre ». Son père, ouvrier du bâtiment, y croyait dur comme fer, d’ailleurs, à une vie meilleure pour sa fille unique. C’est donc ici, avec Luc, son petit ami, un provincial de 25 ans, qui, fort de son diplôme d’ingénieur, vient d’obtenir une mission d’urbaniste pour l’extension de la ville, que Chrystelle franchit le cap de la vingtaine.
Après une année de prépa avortée, elle s’est inscrite à la fac d’anglais. Mais pas plus à la fac qu’en prépa, trustée par « des fils et des filles à papa », elle ne trouve ses marques. De même, « l’attitude fuyante et autosatisfaite de la petite bourgeoisie devenue propriétaire » qui l’entoure la désarçonne. Seules consolations : Nadia, sa voisine, mère de famille de 30 ans assez délurée, et une bande de jeunes communistes qu’elle rejoint pour protester contre la guerre du Golfe qui se profile. Que privilégier ? Ses idéaux ou la réalité objective ? L’amour sans passion pour Luc ou son attirance pour Thierry ? Chrystelle tâtonne. Sans cris ni grandiloquence. La radioscopie humaine d’Agnès Riva en est d’autant plus forte.