Les dangers de la gadgétisation
Des dronespour rappeler à l’ordre les passants ne respectant pas le confinement à Paris, Nice ou Metz. Des caméras chargées de détecter les voyageurs ne portant pas de masque dans les transports en commun à Cannes. Pour lutter contre un virus venu de Chine, certains élus locaux souhaitent s’inspirer des méthodes de Pékin. Est-ce le meilleur moyen de convaincre de l’utilité des nouvelles technologies pour combattre une pandémie ? On peut en douter.
Ces outils, retoqués au passage par le Conseil d’Etat et le Haut Conseil de la santé publique, n’ont pour l’heure jamais démontré leur efficacité. Alors que l’intelligence artificielle, la télémédecine ou, plus hypothétiquement, une application de traçage numérique pourraient aider les professionnels de santé à sauver des vies, certains mobilisent des gadgets avant tout destinés à des fins de communication.
Au risque d’ajouter de la confusion à la confusion, quand l’opinion publique assimile déjà si facilement ces technologies à un moyen de surveillance de masse ou à une copie du Big Brother orwellien. Les outils numériques vont pourtant s’avérer indispensables dans les prochains mois, tant pour la recherche de traitements que pour la production de statistiques fiables, par exemple pour détecter de nouveaux foyers de contamination. Cette regrettable course à la « gadgétisation » est aussi une conséquence du « solutionnisme technologique » ambiant, qui laisse imaginer que tout problème humain peut être réglé par la machine. C’est pourtant en évitant de tels fantasmes que nous pourrons juger le plus justement les innovations à venir, qu’il s’agisse de lutter contre le Covid-19 ou toute autre maladie.