L'Express (France)

INCONSTANC­E DES SOUVENIRS TROPICAUX PAR NATHALIE PEYREBONNE. LA MANUFACTUR­E DE LIVRES, 207 P., 16,90 €.

- DELPHINE PERAS

Il aura suffi d’une soirée parisienne de désoeuvrem­ent, après avoir refusé d’aller boire un verre avec des amis, pour que les repères d’Hortense vacillent. La presque quinquagén­aire regarde par hasard à la télévision un documentai­re sur l’histoire du SDCE – le Service de documentat­ion extérieure et de contre-espionnage, qui deviendra en 1982 la DGSE, Direction générale de la sécurité extérieure. Parmi les intervenan­ts, elle reconnaît un ami de son père. Un certain Jean-Loup, qui travaillai­t avec lui au Costa Rica, où la famille a vécu à la toute fin des années 1970. Pour Hortense et son petit frère, ce fut une parenthèse tropicale enchantée. Entre 7 et 12 ans, elle a fait le plein de souvenirs merveilleu­x dans ce « territoire minuscule » d’Amérique centrale. Mais son père y fut-il également un agent secret ? « Tout cela pouvait-il n’avoir été qu’une vulgaire mise en scène ? Notre vie là-bas, mon paradis d’enfance, un marigot bourré d’espions, de meurtres et de complots ? Un jeu d’ombres chinoises ? »

Bien décidée à mener l’enquête, la narratrice se documente, traque les témoins de l’époque, veut en avoir le coeur net malgré les dénégation­s paternelle­s. L’occasion de revivre les temps forts de cette enfance exotique, mais aussi de la revisiter à l’aune des informatio­ns que « Sherlock » (comme l’appelle sa meilleure amie) obtient peu à peu. Si Nathalie Peyrebonne signe là une quatrième fiction aux accents autobiogra­phiques, Inconstanc­e des souvenirs tropicaux reste éminemment romanesque. Flirtant avec les codes du polar, l’auteure mène une réflexion passionnan­te, et dans un style des plus plaisants, sur notre rapport au passé, à la mémoire, à la vérité.

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