Se comparer ne suffit plus, par François Bazin
Un pouvoir jugé peu convaincant et une opposition pas plus méritante ne rassurent pas en vue de 2022.
Tout pouvoir, quelle que soit sa nature ou son orientation, aime à se rassurer en expliquant qu’à l’heure de son renouvellement, on le jugera non plus sur la seule efficacité de son action, mais dans la comparaison avec la performance supposée de ses concurrents. Talleyrand, qui, sur ce sujet, en connaissait un rayon, avait trouvé la formule : « Quand je me regarde, je me désole, et quand je me compare, je me console. » Dans nos démocraties, les argumentaires de ce type ressortent généralement à la veille des élections, quand les équipes sortantes renfilent leurs habits de campagne. François Hollande n’en a pas eu le loisir, mais Nicolas Sarkozy, en son temps, les avait utilisés plus que de raison, sans parvenir toutefois à inverser la tendance qui le poussait sur la touche. Est-ce parce qu’il se sent particulièrement en danger ou parce que l’échéance de son mandat n’est désormais plus très loin ? Toujours est-il qu’Emmanuel Macron les ressort à son tour tandis que quelques sondages opportuns, hier dans la bataille de retraites, aujourd’hui dans la guerre du Covid-19, viennent expliquer qu’à sa place, personne n’aurait su faire mieux, même s’il n’est pas nécessaire de crier au génie. Par définition, ce genre de choses demeure improuvable – l’uchronie n’est qu’un jeu de l’esprit d’une utilité relative pour le combat politique –, mais on voit bien, dans la période actuelle, comment, au sommet de l’Etat, on tente à nouveau d’installer