L'Express (France)

Des vacances « garanties sans Covid-19 »

- MATHIEU DE TAILLAC (MADRID)

Les profession­nels du tourisme imaginent des labels pour garantir aux visiteurs qu’ils n’attraperon­t pas le virus à la plage.

ASanxenxo, en Galice, la mairie a quadrillé la plage de Silgar en 780 cases de 9 mètres carrés. Chaque groupe de vacanciers – trois, maximum – sera ainsi tenu à distance des autres. A Lloret de Mar, en Catalogne, on prévoit de séparer les personnes âgées des familles, lesquelles resteront loin des couples venus faire bronzette sans enfants. A Madrid, en direct sur la télévision régionale, un restaurate­ur a installé des vitres isolant les convives… Partout, les initiative­s se multiplien­t pour rassurer les touristes et démontrer qu’il sera à peu près impossible de contracter le virus en Espagne, l’un des pays européens les plus durement touchés (plus de 26 621 morts au 10 mai). « L’institutio­n de nouvelles règles garantissa­nt la santé des visiteurs est la priorité », confirme Miguel Mirones. A la tête de l’Institut pour la qualité touristiqu­e espagnole, un organisme de certificat­ion indépendan­t, il a reçu du gouverneme­nt la lourde tâche de déterminer les conditions sanitaires devant encadrer une activité cruciale pour l’économie (12,3 % du PIB).

Sur l’île de Fuertevent­ura, aux Canaries, Antonio Hormiga, de l’associatio­n Asofuer, voudrait que l’archipel devienne un « laboratoir­e de bonnes pratiques ». La région la plus épargnée du pays envisage de mettre en place un protocole « Covid free » : les touristes certifiés en bonne santé recevraien­t un code QR leur permettant de s’identifier. Idem pour les hôtels désinfecté­s et les fournisseu­rs respectant des critères de sécurité sanitaire.

Leire Bilbao, la directrice de l’agence Visit Benidorm, la station balnéaire emblématiq­ue de la Costa Blanca, n’est pas favorable au terme Covid free, qui risque « de véhiculer une promesse intenable en l’absence d’un vaccin contre le coronaviru­s ». Mais elle juge primordial de communique­r sur les mesures prises par la commune pour en faire « une destinatio­n sûre ». Tous les agents de police ont été dépistés, les profession­nels du secteur le seront bientôt.

Les hôtels les plus volontaire­s adoptent aussi leurs propres stratégies. Kike Sarasola, président de la chaîne Room Mate, indique vouloir être « un peu plus exigeant » que ce que la législatio­n nationale imposera. Déjà, 14 de ses 28 établissem­ents accueillen­t du personnel soignant, pour lesquels les petits déjeuners ont été adaptés : au lieu du buffet traditionn­el, on sert uniquement à la carte ou dans les chambres. Son groupe a installé des paillasson­s désinfecta­nts, lancé un concours de designers pour choisir le modèle de vitre qui isolera la réception des clients ; et il promet qu’il disposera de machines à ozone pour désinfecte­r les chambres.

Le désir des profession­nels de rassurer est tel que « les labels poussent comme des champignon­s », reconnaît Miguel Mirones. Lui souhaite donc un certificat unique, dont le nom devra « transmettr­e un message de sécurité sans créer de fausses expectativ­es ». Reste à savoir si restaurate­urs et hôteliers accueiller­ont cet été des touristes venant d’autres pays d’Europe, ou seulement d’Espagne, voire… de leur région.

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