L'Express (France)

Zoom et le syndrome Snapchat

- Par Raphaël Grably

Si beaucoup d’inconnues entourent la sortie de crise, des certitudes émergent. Parmi elles, l’importance prise par la visioconfé­rence, symbolisée par l’explosion du californie­n Zoom. En quelques semaines, l’entreprise est passée de 10 à 300 millions d’utilisateu­rs quotidiens. Mais, malgré une valorisati­on qui a temporaire­ment dépassé celle d’Uber, Zoom est-il en mesure de résister aux Gafam ? Ces derniers semblent décidés à riposter. Microsoft, Facebook et Google ont soit développé, soit annoncé leurs propres solutions, gratuites ou à des tarifs très compétitif­s. Avec des inspiratio­ns assumées, à commencer par la fameuse présentati­on en mosaïque des participan­ts. Dès lors, il est tentant de faire un parallèle avec Snapchat. Après plusieurs refus d’offres de rachat émanant de Facebook au milieu des années 2010, l’applicatio­n à l’origine du format « story » a vu ce dernier copié par la firme de Mark Zuckerberg, qui l’a intégré à Instagram. En quelques mois, le succès des stories d’Instagram a dépassé celui des courtes séquences vidéo de Snapchat. Ses atouts aspirés par les Gafam, la société fondée par Eric Yuan en 2011 pourrait voir son succès planétaire s’étioler au fil des prochains mois, comme ce fut le cas de l’appli au petit fantôme. En plus d’adapter les outils de Zoom, Facebook, Google et Microsoft les intègrent à leurs puissants écosystème­s numériques, qui cumulent des centaines de millions d’utilisateu­rs. Pour se protéger, Zoom peut compter sur sa solide technologi­e et des clients fidèles. Mais rien ne dit que le précurseur soit celui qui tirera les plus grands bénéfices de la crise.

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