Etats-Unis Michelle Obama, l’atout de Joe Biden
Omniprésente dans les médias, l’ancienne First Lady joue un rôle central dans la campagne. Certains la voient vice-présidente.
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Chez les Obama, c’est désormais Michelle qui attire la lumière. Campagnes de prévention contre le Covid-19, lecture de contes pour enfants à la télévision, concert virtuel avec Lady Gaga, documentaire Netflix sur la tournée promotionnelle de son livre… L’agenda de l’ancienne première dame déborde.
A six mois de la présidentielle, difficile d’ignorer cette hyperactivité, surtout quand le candidat du parti démocrate, Joe Biden, se cherche une vice-présidente. Son équipe travaille sur une liste de douze noms potentiels, avec des personnalités comme Elizabeth Warren ou Kamala Harris, mais un seul devance tous les autres : Michelle Obama. « Je la choisirais sans aucune hésitation, a déclaré Joe Biden le 20 avril. Elle est éblouissante et saurait comment s’y prendre. »
Seul hic, très vite relevé par le candidat démocrate : « Je ne crois pas qu’elle ait envie de vivre à nouveau près de la MaisonBlanche. » L’ancienne First Lady, âgée de 56 ans, n’a jamais cherché à être élue. Dans son best-seller Devenir, vendu à plus de 11 millions d’exemplaires, elle assure qu’elle ne se présentera jamais à une élection. « Jamais. » Une affirmation confirmée par son biographe, David Colbert, auteur de Michelle Obama. Une histoire américaine (2008) : « Elle en a clairement les compétences et l’expérience, mais elle ne voudra pas devenir vice-présidente. Elle a ses propres projets et peut réaliser de très grandes choses sans revenir à la MaisonBlanche. » Cela n’empêche pas certains de rêver tout haut. « Michelle Obama est la vice-présidente idéale, assure Clyde Lederman. Elle est la femme en qui l’Amérique a le plus confiance et la seule à même de rassembler le parti démocrate. » Ce jeune New-Yorkais a créé, au début du mois de mai, le premier comité officiel de soutien à la vice-présidence de Michelle Obama. Il rassemble plusieurs dizaines de personnalités du parti démocrate et s’apprête à lancer une grande campagne médiatique en faveur d’un ticket présidentiel Biden-Obama.
Clyde Lederman compte sur la pression populaire pour convaincre l’intéressée. « Elle est indispensable à la victoire, et si le peuple américain se rassemble autour de sa candidature, elle devra se lancer », espère le stratège démocrate, qui roulait précédemment pour le socialiste Bernie Sanders. Clyde s’appuie sur le précédent… Barack Obama, qui avait refusé de se présenter en 2008 avant de céder face à l’engouement des jeunes du parti.
Cette fois-ci, l’attrait pour Michelle Obama dépasse largement le cadre du parti démocrate. « Elle est extrêmement populaire, bien plus que toutes les autres premières dames », souligne Tammy Vigil, professeure de communication politique à l’université de Boston et auteure, en 2019, de Melania and Michelle. First Ladies in a new era (« Melania et Michelle, premières dames d’une nouvelle ère ») . Depuis 2017, elle figure en haut du classement des personnalités préférées des Américains et rayonne au-delà des divisions partisanes. Elle a quitté la Maison-Blanche avec 68 % d’opinions favorables et n’a cessé de grimper depuis. « A l’exception d’une minorité raciste, Michelle Obama fait l’unanimité, ajoute Tammy Vigil. Sa formation d’avocate et son travail dans les relations publiques lui ont donné un incroyable talent de communicante. Elle est capable de construire des ponts avec presque tout le monde. »
Pour son biographe David Colbert, l’ancienne First Lady bénéficie surtout de sa fraîcheur en politique. « Toute sa vie, elle a aidé les autres, mais jamais dans une position d’élue, explique l’écrivain. Les gens ne connaissent pas l’ensemble de ses idées politiques, et ils comblent les lacunes en se convainquant qu’elle pense comme eux. »
Si Michelle Obama refuse la vice-présidence, elle n’en sera pas moins très présente pendant la campagne. « Elle a beaucoup d’affection pour Joe Biden et son épouse Jill, raconte David Colbert. D’une manière ou d’une autre, les électeurs entendront parler d’elle dans les mois qui viennent. » D’autant que depuis deux ans, cette mère de deux filles s’est lancée dans un nouveau combat : faire baisser l’abstention aux élections. Avec son organisation When We All Vote, elle met en place des stratégies pour amener le plus grand nombre d’Américains aux urnes et défend une méthode désormais au coeur de l’actualité : le vote par correspondance. Une chose est sûre, Michelle Obama n’a pas perdu le goût de l’action.