L'Express (France)

Venezuela Quand le pétrole s’effondre…

Le fils des deux ex-présidents veut instaurer un impôt sur la fortune. Mais pas sur la sienne.

- CHARLES PERRAGIN (BUENOS AIRES)

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Maximo Kirchner a une idée toute simple : faire payer les riches. Afin d’amortir le choc social engendré par la crise du coronaviru­s, le député de Buenos Aires a proposé, le mois dernier, la création d’un impôt sur la fortune. Avec un taux progressif de 2 % à 3,5 %, cet « ISF » argentin permettrai­t de taxer les 12 000 foyers les plus nantis et de faire rentrer 3 milliards de dollars dans les caisses. Un pactole bienvenu dans un pays surendetté, dont le taux de pauvreté atteint 40 %.

Même si elle hérisse une partie de la droite, l’idée de « Maximo », 43 ans, fait son chemin. Car ce quadra a de l’entregent. Fils de deux ex-présidents de la République, feu Nestor Kirchner (2003-2007) et Cristina Kirchner (2007-2015), il est aussi, avec l’aval de papa-maman, le fondateur, en 2006, de la puissante organisati­on de jeunesse militante La Campora. Député depuis 2015, il peut également compter sur l’appui de l’actuelle vice-présidente, qui est aussi à la tête du sénat : une certaine… Cristina Kirchner. Aussi, le « dauphin » a-t-il ses entrées à la Casa Rosada, l’Elysée argentin, occupé depuis quatre mois par Alberto Fernandez – jadis directeur de cabinet de Nestor Kirchner –, qui a accueilli sa propositio­n avec intérêt. Cet « ISF » prévoit de taxer les fortunes au-delà de 3 millions de dollars. Voilà cinq ans, Cristina Kirchner, alors poursuivie pour enrichisse­ment illicite, avait déclaré un patrimoine de 18,1 millions de dollars, avant de transmettr­e ses 26 propriétés à ses deux enfants. Aujourd’hui, le patrimoine de Maximo est estimé à… 2 millions de dollars, ce qui le fait échapper à « son » impôt. Fils de présidents, c’est un métier.

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