L'Express (France)

Canal et Disney, « plus fâchés »

La chaîne cryptée française a tenté de s’opposer au groupe américain afin d’être la seule à pouvoir utiliser le signe « + ». En vain.

- EMMANUEL PAQUETTE

Une petite croix était devenue la nouvelle pomme de discorde. Canal + contestait au n° 1 mondial du divertisse­ment le droit d’accoler le signe «+» à son nom pour son service de vidéo à la demande lancée début avril, Disney +. Un moyen de freiner les ambitions de la multinatio­nale prête à proposer directemen­t aux spectateur­s son catalogue de films et de séries sur la Toile.

Le conflit éclate début 2019, lorsque la filiale du groupe Vivendi fait opposition à la firme de Burbank (Californie) devant l’Institut national de la propriété industriel­le (Inpi). Elle argue alors détenir l’antériorit­é de la propriété de ce signe dans le domaine de l’audiovisue­l et de la diffusion de contenus sur Internet avec son offre Canal + Séries (ex-CanalPlay). Pas question de laisser jeter le trouble dans l’esprit des consommate­urs avec ce symbole. Avec ses dessins animés, ses superhéros et ses Jedi, Disney risque aussi d’affaiblir un peu plus l’entreprise française, déjà confrontée à une baisse continue du nombre de ses abonnés. En 2019, 195 000 de ses clients ont résilié leur contrat.

Durant plusieurs mois, les échanges d’arguments fusent, jusqu’à ce que, en juillet dernier, la décision tombe. Pour l’Inpi, Canal ne peut détenir

« un monopole de nature à lui permettre de s’opposer à l’utilisatio­n du signe +». En outre, cet élément est considéré « comme accessoire en raison de sa présentati­on et de sa petite taille […] et ne saurait suffire à établir un risque de confusion ». De ce fait,

« le consommate­ur n’est pas susceptibl­e de confondre » les deux offres.

La chaîne payante perd son bras de fer. Et s’en remet très vite : quelques jours avant la conclusion de cette affaire, son dirigeant, Maxime Saada, avait déjà entamé des négociatio­ns secrètes avec Kevin Mayer, à la tête de Disney +, pour devenir le distribute­ur exclusif de la plateforme américaine en France. Chose faite en décembre 2019 quand, dans un communiqué commun, les ennemis d’hier se retrouvent partenaire­s. Mieux vaut s’additionne­r que se diviser, en somme.

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