L'Express (France)

FILS DE BERLIN

PAR KAROLIEN BERKVENS, TRAD. DU NÉERLANDAI­S PAR EMMANUÈLE SANDRON. GLOBE, 296 P., 22 €.

- M. P.

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Ville vitrine de l’Ouest durant la guerre froide, ville témoin de l’effondreme­nt du communisme, en 1989, Berlin, divisée en quatre, en deux ou unifiée, fait partie de ces cités au destin singulier. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Reste-t-elle cette bulle pour hipsters, capitale des happenings artistique­s et des audaces architectu­rales qui a drainé la jeunesse du monde entier ? Que s’est-il passé durant ces trente dernières années ? Pas de panique, la dramaturge néerlandai­se de 33 ans Karolien Berkvens ne s’est pas attelée à un rébarbatif traité socio-historique. C’est à travers un roman familial percutant (son deuxième) qu’elle nous immerge dans le ventre de cette ville monde.

Au centre de sa fresque, Jakob Richter, conseiller municipal chargé de l’urbanisme, et son fils, Fabian, né le 9 novembre 1989, la nuit de la chute du Mur.

Fabian, trentenair­e sans idéal, sans passion et sans ambition, oublie son mal-être dans l’alcool, au grand désespoir de son père, dont ce n’est pas là la seule désillusio­n. Pour Jakob, dont la femme, atteinte d’un mal mystérieux, s’est murée dans un mutisme total, l’euphorie de la réunificat­ion est retombée et les idéaux de son parti, le SPD, sont en butte à l’appétit d’investisse­urs sans vergogne. Alors que Berlin s’engage dans la gentrifica­tion, la guerre gronde entre promoteurs immobilier­s et comités de riverains, comme elle enflamme les relations entre Jakob et son fils, qui tombe bientôt amoureux d’Isa, une activiste écolo, avant de devenir éboueur et de trouver là, peut-être, une raison de vivre… Ce Fils de Berlin se révèle une belle illustrati­on des lendemains qui déchantent, avec une petite lueur d’espoir à l’horizon.

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