Wuhan, capitale des nouilles au petit déjeuner
Les Français connaissent sans doute mal le nom du Premier ministre chinois – Li Keqiang –, mais, depuis le début de l’année, tous ont appris celui de la capitale d’une des provinces de l’empire du Milieu : Wuhan. Avant de devenir le tristement célèbre épicentre de l’épidémie du Covid-19, cette cité, située à 800 kilomètres à l’ouest de Shanghai, était d’abord très réputée pour ses nouilles rè gan mian
(« chaudes et sèches », en mandarin). Il s’agit de sortes de spaghettis de blé cuites al dente, aspergées d’huile et refroidies, puis plongées de sept à huit secondes dans l’eau bouillante dès qu’un client passe commande. Et ils sont nombreux. Plus de la moitié des 11 millions d’habitants de la ville en consommeraient, selon un article récent du South China Morning Post. Un vrai rituel matinal qui participe à faire de Wuhan la « capitale du petit déjeuner » (on dit qu’on peut y avaler une version différente chaque jour pendant un mois). Il faut compter un peu plus de 50 centimes d’euro le bol de nouilles, sur lesquelles sont versés l’incontournable sauce brune sirupeuse à base de sésame, ainsi que du vinaigre, de la sauce soja, des oignons nouveaux et des petits radis ou des carottes marinés. La légende veut que cette recette remonte au début des années 1930, quand un vendeur renversa accidentellement de l’huile de sésame sur des nouilles déjà cuites. Ce plat est si attaché à Wuhan que, dès la mise sous cloche de la ville, à la fin de janvier, des dessins ont commencé à faire le buzz. On y voyait un personnage en forme de nouilles locales, masque sur le visage, isolé dans son lit d’hôpital devant d’autres spécialités culinaires réconfortantes de l’ensemble du pays. A Paris, la spécialité est inscrite à la carte de Chez Wuhan (dans le XXe arrondissement), mais on la trouve peu au menu des restaurants occidentaux. Autre option : cuisiner ces nouilles soi-même grâce aux recommandations du formidable blog Recettes d’une Chinoise, de Margot Zhang.