Les accents régionaux mal-aimés
D’après un sondage inédit, 50 % de nos concitoyens parlent avec les inflexions de leur terroir. Ce qui vaut des moqueries à plus d’un quart d’entre eux.
Glottophobie : discrimination fondée sur le langage ou certains accents régionaux. Le mot n’est pas rentré dans le vocabulaire courant, mais il résonne avec le quotidien de nombreux Français. Douloureusement, parfois, comme le révèle un récent sondage de l’Ifop, le premier consacré à ce sujet. Parmi les 33 millions de Français dotés des intonations de leur terroir, 27 % essuient des moqueries, « souvent » ou « de temps en temps », dans leur vie quotidienne. Ce pourcentage grimpe à 60 % chez les répondants aux inflexions les plus fortes. Dans leur environnement professionnel, ils ne sont pas à l’abri : 16 % des sondés affirment avoir été victimes de discriminations lors d’un concours, d’un examen ou d’un entretien d’embauche.
Menée pour les éditions Michel Lafon et le site d’informations Magcentre.fr, cette enquête nourrit le livre que publient ces
jours-ci les journalistes Jean-Michel Aphatie, éditorialiste à LCI, et Michel FeltinPalas, rédacteur en chef à L’Express. Leur titre claque comme un défi : J’ai un accent, et alors ? La moitié de leurs concitoyens peut en dire autant. 1 sur 2, en effet, avoue une diction régionale « un peu », « assez » ou « très marquée ». Les ouvriers plus que les cadres : 57 % des premiers, 41 % des seconds. Les habitants du Nord-Pas-deCalais (84 %), de Midi-Pyrénées (83 %) et de Franche-Comté (78 %), bien davantage que ceux du Centre-Val de Loire (21 %), des Pays de la Loire (23 %), de Poitou-Charentes (25 %) et de Bretagne (31 %).
Surprise : Provence-Alpes-Côte d’Azur et son score de 64 % seulement. « Il s’agit d’un territoire qui attire beaucoup d’“immigrés de l’intérieur” », analyse Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop. A l’inverse, l’Ile-de-France,