Covid-19, le chemin des transformations
Miguelángel Epeeyüi López-H, Colombie
La littérature, l’art de raconter ce que nous sommes, rappelle et préfigure plusieurs scénarios de douleur collective. « Arrêter, arrêter de ses pieds la course du monde / Puis le mettre à rebours de nouveau en marche », propose le poète espagnol Antonio Machado. L’humanité a toujours eu besoin de s’immobiliser et de repenser ce qu’elle a vécu. Peu de fois cette cessation s’est produite à l’occasion d’une pandémie, au cours de laquelle un temps particulier se dégage. « Que faire pour ne pas perdre son temps ?, s’interroge Albert Camus dans La Peste.
Réponse : le sentir dans toute sa lenteur ! »
Aujourd’hui, nous avons l’opportunité unique de tirer parti du temps lent de l’isolement, en suscitant de nouvelles transformations, en nous arrêtant sur les erreurs et négligences coutumières de la fête de l’orgueil. C’est ce que nous enseigne L’Aveuglement de José Saramago : une épidémie nous rend aveugles pour mieux nous rendre lucides.