L'Express (France)

Renault paie la soif de conquête de Carlos Ghosn

PAR EMMANUEL BOTTA Le constructe­ur envisage la fermeture de quatre usines françaises. La stratégie de son ancien PDG a précipité sa chute.

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La nouvelle a assommé les salariés, mais elle n’a pas surpris le monde automobile. Comme Renault devrait le confirmer sous peu, quatre de ses usines françaises fermeront probableme­nt leurs portes, dont le site historique de Flins (Yvelines), qui emploie 2 600 personnes et sera vraisembla­blement « débranché » sur quelques années. Le sort des ateliers de Caudan (Morbihan), Dieppe (Seine-Maritime) et Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) – un peu plus de 1 000 salariés au total – devrait être plus rapidement scellé.

La pandémie n’a fait qu’accélérer un processus déjà largement engagé. Après la publicatio­n en début d’année des pires résultats de la marque au losange depuis dix ans, la directrice générale par intérim, Clotilde Delbos, avait prévenu qu’il n’y avait désormais « plus aucun tabou ». Un plan d’économies de 2 milliards d’euros avait alors été annoncé. Il devrait être détaillé le 29 mai, et les noms des sites sacrifiés dévoilés. L’ex-régie paie aujourd’hui au prix fort l’hubris de son ancien PDG, Carlos Ghosn qui, à la fin de son règne, n’avait plus qu’une obsession : pousser les volumes afin de faire de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi le n° 1 mondial.

Résultat : un groupe calibré pour délivrer 5 millions de véhicules par an, qui n’en a écoulé que 3,75 en 2019. Or une usine qui sonne creux perd de l’argent. Renault ne peut plus se le permettre, d’autant que la récession s’annonce historique. L’Etat, qui possède 15 % du capital du constructe­ur, le sait parfaiteme­nt. Après les réactions outragées de circonstan­ces, il ne pourra guère s’y opposer.

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