Israël Yaïr Netanyahou, à la droite du père
Le fils du Premier ministre, hyperactif sur les réseaux sociaux, défend les positions les plus extrémistes.
Aforce de diatribes europhobes, Yaïr Netanyahou a fini par devenir l’idole de l’extrême droite allemande. Fin avril, un député européen du parti Alternative für Deutschland, Joachim Kuhs, publiait une photo avantageuse du garçon avec cette citation : « L’Europe redeviendra libre, démocratique et chrétienne. » Une prophétie extraite d’une violente charge contre l’Union européenne, dans laquelle le fils du Premier ministre israélien s’indignait du soutien financier apporté à une initiative pacifiste israélo-palestinienne. « L’espace Schengen est mort et votre diabolique organisation mondialiste suivra », avait-il tweeté rageusement.
Depuis ses années d’étudiant à l’université de Jérusalem, Yaïr Netanyahou, 28 ans, poursuit de sa vindicte les « gauchistes », les « traîtres » et les militants propalestiniens. Le milliardaire George Soros, mécène de plusieurs ONG hostiles à la droite israélienne, compte parmi ses cibles favorites. En 2017, le jeune Netanyahou n’avait pas hésité à relayer une caricature suggérant que le philanthrope américain manipulait l’ancien Premier ministre travailliste Ehoud Barak par l’intermédiaire de la franc-maçonnerie. « Ce dessin n’est pas un incident isolé, mais un prolongement direct des attitudes et de la politique de son père », écrivait alors Chemi Shalev, éditorialiste au quotidien Haaretz. Hyperactif sur les réseaux sociaux, Yaïr Netanyahou monte systématiquement au front pour défendre son géniteur soupçonné de fraude, de corruption et d’abus de confiance (et dont le procès s’est ouvert le 24 mai). Ses plaidoyers font rarement dans la dentelle. Les policiers enquêtant sur son père ? « Pires que la Gestapo. » Les médias israéliens ? « Ils pourraient donner des leçons à Leni Riefenstahl » (la réalisatrice des films de propagande nazis). Cette outrance trouve un certain écho parmi un peuple de droite convaincu de la collusion entre les grands médias, la Cour suprême et les ennemis d’Israël. « Il n’a pas peur d’exprimer ses opinions, même si cela déclenche la foudre contre lui », peut-on lire sur l’une des pages Facebook à sa gloire.
Habitué des boîtes de nuit, Yaïr Netanyahou a souvent défrayé la chronique. De retour de soirée, en 2017, il avait tenu des propos compromettants sur son père. Son chauffeur les avait enregistrés, puis divulgués. Yaïr l’avait fait condamner à des dommages et intérêts. Plus récemment, il a déclaré, après la formation du nouveau gouvernement d’union nationale dirigé par son père : « Ce n’est pas le gouvernement de mes rêves, mais l’alternative était la gauche avec les Arabes. »
D’après plusieurs pontes du Likoud, Netanyahou junior pourrait bientôt tenter sa chance en politique, cornaqué par sa très influente maman. « Sara parle de lui comme du prochain Premier ministre », affirme un proche de la famille. Voilà qui ravirait ses amis allemands.