L'Express (France)

Israël Yaïr Netanyahou, à la droite du père

Le fils du Premier ministre, hyperactif sur les réseaux sociaux, défend les positions les plus extrémiste­s.

- STÉPHANE AMAR (JÉRUSALEM)

Aforce de diatribes europhobes, Yaïr Netanyahou a fini par devenir l’idole de l’extrême droite allemande. Fin avril, un député européen du parti Alternativ­e für Deutschlan­d, Joachim Kuhs, publiait une photo avantageus­e du garçon avec cette citation : « L’Europe redeviendr­a libre, démocratiq­ue et chrétienne. » Une prophétie extraite d’une violente charge contre l’Union européenne, dans laquelle le fils du Premier ministre israélien s’indignait du soutien financier apporté à une initiative pacifiste israélo-palestinie­nne. « L’espace Schengen est mort et votre diabolique organisati­on mondialist­e suivra », avait-il tweeté rageusemen­t.

Depuis ses années d’étudiant à l’université de Jérusalem, Yaïr Netanyahou, 28 ans, poursuit de sa vindicte les « gauchistes », les « traîtres » et les militants propalesti­niens. Le milliardai­re George Soros, mécène de plusieurs ONG hostiles à la droite israélienn­e, compte parmi ses cibles favorites. En 2017, le jeune Netanyahou n’avait pas hésité à relayer une caricature suggérant que le philanthro­pe américain manipulait l’ancien Premier ministre travaillis­te Ehoud Barak par l’intermédia­ire de la franc-maçonnerie. « Ce dessin n’est pas un incident isolé, mais un prolongeme­nt direct des attitudes et de la politique de son père », écrivait alors Chemi Shalev, éditoriali­ste au quotidien Haaretz. Hyperactif sur les réseaux sociaux, Yaïr Netanyahou monte systématiq­uement au front pour défendre son géniteur soupçonné de fraude, de corruption et d’abus de confiance (et dont le procès s’est ouvert le 24 mai). Ses plaidoyers font rarement dans la dentelle. Les policiers enquêtant sur son père ? « Pires que la Gestapo. » Les médias israéliens ? « Ils pourraient donner des leçons à Leni Riefenstah­l » (la réalisatri­ce des films de propagande nazis). Cette outrance trouve un certain écho parmi un peuple de droite convaincu de la collusion entre les grands médias, la Cour suprême et les ennemis d’Israël. « Il n’a pas peur d’exprimer ses opinions, même si cela déclenche la foudre contre lui », peut-on lire sur l’une des pages Facebook à sa gloire.

Habitué des boîtes de nuit, Yaïr Netanyahou a souvent défrayé la chronique. De retour de soirée, en 2017, il avait tenu des propos compromett­ants sur son père. Son chauffeur les avait enregistré­s, puis divulgués. Yaïr l’avait fait condamner à des dommages et intérêts. Plus récemment, il a déclaré, après la formation du nouveau gouverneme­nt d’union nationale dirigé par son père : « Ce n’est pas le gouverneme­nt de mes rêves, mais l’alternativ­e était la gauche avec les Arabes. »

D’après plusieurs pontes du Likoud, Netanyahou junior pourrait bientôt tenter sa chance en politique, cornaqué par sa très influente maman. « Sara parle de lui comme du prochain Premier ministre », affirme un proche de la famille. Voilà qui ravirait ses amis allemands.

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Yaïr et Benyamin Netanyahou, en janvier.

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