Italie Roméo et Juliette au temps du Covid
Ils sont tombés amoureux confinés, chacun depuis son balcon.
Remplacez Roméo et Juliette par deux jeunes adultes vivant chez leurs parents (comme près de 19 % des Italiens de 35 à 39 ans). Troquez les demeures des Capulet et des Montaigu pour des immeubles de la banlieue de Vérone, et l’épidémie de peste
– qui sévit dans la pièce de William Shakespeare, même si on l’a oublié – par le coronavirus. Placez enfin Paola, avocate de 39 ans, et Michele, banquier de 38 ans, sur deux balcons : vous obtenez une histoire d’amour moderne entre deux Italiens qui ont eu le coup de foudre à 30 mètres de distance, au début du confinement.
« Je l’ai aperçue avec des jumelles un des soirs où tout le quartier sortait sur les balcons, à 18 heures, raconte Michele, ému. Elle filmait sa soeur qui jouait du violon. Je suis tombé immédiatement amoureux. »
Ils se retrouvent sur Instagram et communiquent par messages, appels vidéo et chansons. Un soir, en haut de son immeuble, Michele déploie une banderole sur laquelle il a écrit « Paola ». La nouvelle de leur idylle fait le tour du voisinage. La presse locale publie un premier article, puis c’est le Times, la BBC... Se rencontrer avant la réouverture du pays, le 4 mai ? C’était impensable pour eux, aussi exemplaires que la majorité des Italiens pendant ce confinement. Maintenant qu’ils se voient tous les jours, ils trouveraient romantique de devenir l’emblème de Vérone.
« J’ai écrit à l’adjointe à la Culture pour lui proposer d’utiliser gratuitement notre image afin de valoriser la ville, de symboliser l’espoir. Elle ne m’a pas répondu », regrette Paola, qui se console en se disant que leur amour ne devrait pas finir aussi tragiquement que celui de Roméo et Juliette.