L'Express (France)

Les premiers pas de la communicat­ion quantique à Nice

Des chercheurs du laboratoir­e Inphyni préparent la mise en réseau des ordinateur­s du futur. Leur but : envoyer des informatio­ns de manière synchronis­ée et sécurisée.

- S. J.

Grâce aux efforts de Google ou d’IBM, l’ordinateur quantique – machine dont le fonctionne­ment repose sur la physique des particules –devient peu à peu une réalité. Mais comment fera-t-on dans le futur pour que ces appareils travaillen­t ensemble ou échangent des informatio­ns ? Cette question mobilise déjà de nombreux chercheurs. A l’Université Côte d’Azur, les expériment­ations prennent même une tournure concrète grâce aux efforts d’Inphyni, un laboratoir­e de physique. Celui-ci met au point les premières briques d’un système de communicat­ion quantique qui reliera le campus Valrose au centre Inria Sophia-Antipolis, grâce à de la fibre optique et à des photons intriqués.

« Ces particules élémentair­es de lumière peuvent être séparées, envoyées en deux endroits différents et rester parfaiteme­nt corrélées », explique Virginia D’Auria, enseignant­e-chercheuse et membre d’Inphyni. En d’autres termes, les mesures effectuées sur les deux éléments donnent toujours les mêmes résultats. Cette propriété, uniquement observée dans le monde de l’infiniment petit et baptisée « intricatio­n », joue un rôle central. « C’est elle qui permet aux ordinateur­s quantiques en développem­ent de procéder à des

calculs en parallèle et donc de surpasser – pour certains types de problèmes – nos supercalcu­lateurs actuels. C’est elle aussi qui permet de véhiculer de l’informatio­n d’un bout à l’autre d’un réseau de manière sécurisée », détaille Virginia D’Auria.

L’intricatio­n permet en effet de s’assurer qu’une clef de chiffremen­t a bien été délivrée sans être intercepté­e, en vérifiant par exemple le degré de corrélatio­n entre deux photons. Mais pour que ce système fonctionne, il doit aussi être parfaiteme­nt synchronis­é. Une caractéris­tique sur laquelle planchent justement les physiciens de Nice. « A la manière d’Internet, les réseaux de communicat­ion quantiques que nous imaginons fonctionne­nt avec des noeuds, détaille Virginia D’Auria. Entre eux, des particules voyagent sur de longues distances et doivent se retrouver au même endroit au même moment. Cette synchronis­ation est extrêmemen­t difficile à mettre en place, mais grâce à un signal d’horloge optique, nous avons démontré que cela pouvait fonctionne­r sur une distance de 100 kilomètres. » Reste maintenant à passer à la pratique. La fibre, mise à dispositio­n par Orange, pourrait permettre à Inphyni de réaliser une première démonstrat­ion d’ici à la fin de l’année.

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