L'Express (France)

La playlist du Covid-19

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Hypercréat­ifs, les artistes du continent sensibilis­ent leurs compatriot­es en chansons.

Combinaiso­ns intégrales, lunettes et gants de protection. C’est d’un laboratoir­e de dépistage du Covid-19 que les rappeurs sénégalais du collectif « Y en a marre » surgissent à l’écran dans le clip de Fagaru Ci Coronaviru­s (« Se protéger contre le coronaviru­s »). « L’union est vitale, le respect des consignes est capital », scandent-ils, en montrant comment effectuer les gestes barrière, du lavage des mains au port du masque.

Depuis le début de la pandémie, les musiciens du continent multiplien­t les nouveaux morceaux afin de sensibilis­er les population­s au danger de la maladie. « L’affaire est sérieuse, donc nous aussi soyons sérieux, y a corona hé », avertit l’Ivoirien DJ Kerozen, pionnier du genre coupé-décalé, dans son titre Corona Out. En Afrique de l’Est, le chanteur et opposant politique ougandais Bobi Wine a pris le micro pour encourager tous ses compatriot­es « à être vigilant ».

Dans la République démocratiq­ue du Congo voisine, la star Fally Ipupa fredonne : « Fally en mode confinemen­t, les bisous stop » et organise une collecte de dons. Même le président libérien et ancien champion de football George Weah

a choisi de pousser la chansonnet­te pour sensibilis­er ses compatriot­es. Le 25 mai, date annuelle de la Journée mondiale de l’Afrique, pas moins de trois mégaconcer­ts virtuels ont rassemblé des artistes engagés dans le combat contre le Covid-19.

« La musique, c’est un héritage de la tradition orale du continent et le divertisse­ment no 1 en cette période de confinemen­t, rappelle Olivier Laouchez, PDG du groupe Trace, un réseau de chaînes musicales. En se mobilisant, les chanteurs africains veulent montrer qu’ils sont sensibles à ce qui touche leur public. Ils ont aussi besoin de continuer à exister dans cette période qui voit tous les concerts annulés. » Sans oublier que « certains d’entre eux sont dans une logique de business, car ils sont sponsorisé­s par des marques qui cherchent à s’associer à la lutte anti-Covid-19 ».

La maladie n’a, du reste, pas épargné la communauté artistique. Elle a notamment emporté le Congolais Aurlus Mabélé, l’un des fondateurs du soukous, ainsi que le saxophonis­te et chanteur camerounai­s Manu Dibango, qui avait fait danser les foules dans les années 1970 avec son tube enivrant Soul Makossa.W

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