L'Express (France)

Serge Linkès : le romancier à succès

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« Joseph Kessel est un auteur sur lequel l’université ne s’est finalement penchée que très récemment. Il est vrai qu’à une époque, tout ce qui relevait du reportage ne rentrait pas dans le domaine littéraire. Ensuite, l’écrivain-reporter est devenu un objet d’étude à part entière et son statut a changé, en bien, celui du Kessel journalist­e a suivi, ce qui a revalorisé le romancier dans la foulée. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que Kessel a un côté exaspérant : c’est une machine à succès, et cela, dès son premier roman, L’Equipage, en 1923, jusqu’au Lion, qui s’est vendu à quelque 5 millions d’exemplaire­s, et aux Cavaliers, en 1967. Or les écrivains populaires peinent à être considérés comme de grands auteurs aux yeux de certains intellectu­els. Il publie aussi parfois au mauvais moment. Ainsi de son Tour de malheur, dont les quatre tomes “d’aventure intérieure” paraissent en 1950, alors que montent des mouvements tels l’existentia­lisme et le nouveau roman, qui est plutôt perçu comme l’une de ces grandes fresques romanesque­s des années 1930. Cette oeuvre est “maheureuse­ment” dédaignée par la critique littéraire malgré toutes ses qualités, mais pas par les lecteurs, qui lui réservent un très bon accueil.

Pour cette Pléiade, j’ai relu presque tout Kessel de juin à septembre 2018(unepartied­estextesét­antretenus­d’office).Etj’aipassé de bonnes vacances ! Je me suis laissé porter, par exemple, par Fortunecar­rée; comme un gamin, je me suis retrouvé dans le sillage des personnage­s en Ethiopie, au Yémen, en Abyssinie… C’est formidable­ment rythmé et dépaysant. Ce que j’aime chez Kessel, c’est qu’on se laisse toujours surprendre. Cela fait-il de lui un bon ou un mauvais auteur ? Ce n’est pas à moi d’en décider, et peu importe ! Ce qui compte, c’est le plaisir de lecture, et ses textes en procurent

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