Hydroxychloroquine : les déboires du Lancet ne changent rien
PAR STÉPHANIE BENZ La molécule n’a pas prouvé son efficacité dans le traitement du Covid-19, comme le soulignent de nombreuses études.
La spectaculaire rétractation de trois des quatre auteurs de l’étude parue dans le Lancet, qui concluait à l’inefficacité et aux risques de l’hydroxychloroquine, ne doit pas faire oublier l’essentiel : à ce jour, rien ne prouve que cette molécule apporte un bénéfice contre le Covid-19. Aucune étude sérieuse n’est venue accréditer cette hypothèse, et, au contraire, les signaux négatifs se multiplient.
Les responsables de l’essai clinique britannique Recovery ont indiqué qu’ils n’avaient obtenu aucun résultat probant avec ce médicament. Un autre essai, aux Etats-Unis, a montré que l’hydroxychloroquine ne permettait pas de prévenir le Covid-19. Auparavant, une étude, encore en prépublication, avait indiqué que cette molécule ne présentait pas d’effet in vitro sur des cellules humaines, et qu’elle n’améliorait pas l’état de singes infectés. Sans oublier trois études observationnelles, également négatives. Certes, il ne s’agit que de preuves partielles. Mais cette accumulation le montre : l’intuition seule ne saurait suffire à valider un médicament.
Si le Pr Raoult avait lancé d’emblée un essai clinique dans les règles de l’art, nous aurions déjà la réponse. L’emballement irrationnel des derniers mois restera certainement dans les mémoires comme un gaspillage de temps et d’énergie, et surtout une perte de chances pour les patients. Car beaucoup se sont vu proposer des soins en réalité inutiles, alors qu’ils auraient peut-être pu participer à des essais avec des molécules plus prometteuses. C’est sans doute le plus grave.
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