Reprise économique, l’illusion statistique
PAR BÉATRICE MATHIEU Autant la récession a été brutale et courte, autant le retour à la normale sera lent et en dents de scie.
Après le déconfinement, la reprise. Logiquement, avec le retour progressif des Français dans les magasins, les bureaux, les usines, l’activité va s’amplifier. Et chacun cherchera dans les chiffres de ventes de voitures, de nuitées d’hôtel, de consommation d’électricité ou de passages aux péages autoroutiers, les signes d’une accélération de la machine économique. D’un retour au monde d’avant. Gare pourtant à l’illusion des statistiques : les chiffres traçant le redémarrage risquent d’être trompeurs.
Alors qu’en France le produit intérieur brut pourrait se contracter de près de 20 % sur le seul deuxième trimestre, un rebond de 4 voire 5 % au second semestre de cette année est possible.
Cependant, une seule question compte : quand aurons-nous retrouvé le niveau de richesse d’avant la pandémie ? Sans doute pas avant la fin de 2021, soutiennent la plupart des économistes. Car les effets du choc sur les entreprises mettront du temps à disparaître. Même si le dispositif d’« activité partielle de longue durée » qui prendra la suite du système de chômage partiel permettra de conserver les compétences, le tissu productif va perdre du muscle. Or le « storytelling » de la reprise pourrait pousser l’exécutif à débrancher trop rapidement tous les mécanismes de soutien, d’autant qu’ils sont très coûteux. Au risque de connaître, après le rebond, les vicissitudes de la rechute.
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