A l’AfD, la nuit des longs couteaux
En excluant le néonazi Andreas Kalbitz, le parti veut devenir respectable. Mais il est trop tard.
La guerre qui couvait au sein de l’extrême droite est désormais ouverte. En excluant Andreas Kalbitz, Jörg Meuthen a provoqué une fracture irréversible au sein du parti qu’il dirige, Alternative für Deutschland (AfD). Depuis, les cadres du parti choisissent leur camp : celui des « libéraux », soucieux de former un jour des alliances politiques à l’échelle régionale, voire fédérale, ou celui des
qui « évoluent en dehors des règles démocratiques », selon Gerd Mielke, politologue à l’université de Mayence.
LebureaunationalaexcluKalbitz–àune très courte majorité – pour avoir oublié de mentionner son appartenance passée à un mouvement néonazi, jugée incompatible avec les orientations actuelles de l’AfD. « Nous sommes un parti libéral et patriote, pas national-socialiste », a justifié Jörg Meuthen. « Je ne laisserai pas diviser notre parti par un “traître” », a contrattaqué le camp des Kalbitz veut, lui, contester son exclusion devant la justice. Tolérés pendant des années, ces derniers ont fini par vampiriser l’AfD. Leurs scores approchent 25 % en ex-Allemagne de l’Est, où leurs électeurs ne sont pas effrayés par des discours d’inspiration nationale-socialiste. Comparé, dans les émissions satiriques, au chef de la SS, Heinrich Himmler, à cause de ses lunettes, Kalbitz est arrivé en deuxième position l’été dernier dans le Brandebourg, avec 23,5 % des voix, à moins de 3 points des sociaux-démocrates. « Le fait qu’il soit un néofasciste n’a jamais joué en sa défaveur dans les urnes », constate Gerd Mielke.
Depuis sa création, en 2013, par des eurosceptiques, l’AfD n’a cessé de glisser vers l’extrême droite. Ses divisions profitent aux conservateurs menés par Angela Merkel. Renforcés par leur bonne gestion de l’épidémie, ces derniers retrouvent des intentions de vote de 40 %, contre 25 % il y a un an.
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