Les hôteliers dans les starting-blocks
Epargné par l’épidémie, le pays est mieux placé que son voisin espagnol pour relancer sa saison touristique.
L’air est lourd, en ce dernier dimanche de mai, sur la Costa da Caparica, au sud de Lisbonne. Barbe ruisselante, Miguel sort de l’eau, essoufflé. Il vient de sauver une jeune fille emportée par le courant. « La plage est bondée depuis une semaine et nous sommes trop peu nombreux pour la surveiller », déplore ce secouriste. Pour endiguer la foule et maintenir les distances sanitaires, le gouvernement a lancé une application mobile, Info Praia, qui renseigne en temps réel le taux d’occupation des plages. A l’entrée de chacune, un panneau lumineux indiquera s’il est permis d’y étendre sa serviette. Par ces dispositions, le Portugal, qui négocie la dernière phase de son déconfinement, espère faire revenir au plus vite les touristes – 27 millions l’an passé, un record. Pour les convaincre, il met en avant son bon bilan sanitaire seulement »
Un nombre bien inférieur, en proportion, à celui de son voisin espagnol
Principale explication, une réaction rapide : dès le soir du premier décès, le 16 mars, le gouvernement socialiste fermait les frontières et décrétait l’état d’urgence, soutenu par 90 % de la population… et par l’opposition. « Il y a eu un vrai consensus politique, commente le politologue Antonio Costa Pinto. Ce n’est pas si fréquent en Europe du Sud ! »
Il faut dire que le Premier ministre Antonio Costa , élu en 2015 sur la promesse de tourner la page de l’austérité, puis réélu en 2019, avait su créer la confiance en relançant l’économie grâce à l’investissement immobilier et touristique. Au point de présenter en janvier dernier un budget excédentaire – une première depuis le retour de la démocratie, en 1974.
Mais la pandémie a sapé l’embellie. La Commission européenne prévoit une récession de 6,8 % pour le Portugal en 2020. Ce dernier s’en remet donc au tourisme, avec une réputation à tenir : celle d’une destination sûre. « Nous sommes l’un des premiers pays à avoir mis en place un label de protocole sanitaire, fait valoir Jean-Pierre Pinheiro, président de l’office du tourisme du Portugal en France. Plus de 7 000 entreprises du secteur l’ont déjà obtenu. » Sur la Costa da Caparica, le restaurant Borda d’Agua est en passe d’acquérir ce précieux sésame. « La mise aux normes nous a coûté très cher, explique la gérante, Sofia Campos, derrière son masque noir. Nous avons dû réduire la voilure : seuls 20 de nos 50 employés ont repris le travail. » Pour l’instant, sa clientèle est 100 % portugaise, mais elle espère qu’elle sera bientôt plus cosmopolite. Simple question de survie pour un secteur qui fait vivre 1 Portugais sur 10.
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