L'Express (France)

Afrique | Moyen-Orient Comment faire pour sortir du tout-pétrole

La première économie africaine est mise à mal par la chute du cours du baril. Des hommes d’affaires se substituen­t à l’Etat défaillant. PAR SÉBASTIEN HERVIEU (ABIDJAN)

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fixé l’an dernier », prédit Nnamdi Obasi, du centre d’analyse Internatio­nal Crisis Group. Ce spécialist­e du Nigeria anticipe « une augmentati­on du chômage, une aggravatio­n de la pauvreté et l’exacerbati­on des tensions politiques », dans un pays où les inégalités entre l’élite et le reste de la population sont criantes.

Comme lors des crises précédente­s, la dépendance à l’or noir est pointée du doigt. « Depuis des années, les dirigeants reconnaiss­ent la nécessité de diversifie­r les revenus, mais ce ne sont que des paroles, relève Benjamin Augé, chercheur associé à l’Institut français des relations internatio­nales. Développer davantage l’agricultur­e créerait des emplois, mais ce secteur vivrier ne rapporte pas d’argent. Or l’argent est la clef de voûte du système politique clientélis­te nigérian. »

Pourtant, la rente pétrolière est menacée. Les majors, comme Shell ou Exxon, cherchent à réduire la voilure dans le pays. La raison ? Un coût d’extraction trop élevé – entre 15 et 30 dollars le baril. Car la corruption pèse, de même que les contrainte­s sécuritair­es dans le delta du Niger, dans le sud-est du pays, où des groupes armés n’hésitent pas à s’attaquer aux pipelines et aux tankers. « L’insécurité est un obstacle majeur pour les étrangers qui veulent investir dans le pays », reconnaît un économiste nigérian, qui préfère garder l’anonymat. Dans sa partie nord-ouest, le pays est miné par des groupes criminels qui terrorisen­t les population­s, sur fond de conflits entre éleveurs et agriculteu­rs. Et dans le nord-est sévit le mouvement djihadiste Boko Haram, responsabl­e, depuis 2009, de 36 000 morts et de millions de déplacés.

Pour relancer son économie, le Nigeria doit donc compter sur des entreprene­urs déjà bien établis – à l’image d’Aliko Dangote. A côté de sa raffinerie, le milliardai­re fait construire une gigantesqu­e usine d’engrais. « Dans le textile, l’agroalimen­taire ou la manufactur­e, le Nigeria peut faire valoir des avantages compétitif­s », reprend l’économiste Chukwuka Onyekwena. Même si leur poids est encore limité, les nouvelles technologi­es et l’industrie culturelle – le cinéma notamment – sont des secteurs émergents prometteur­s. « Ce qui sauve le Nigeria, c’est un optimisme à toute épreuve, souligne Benjamin Augé. A Lagos, le pompiste compte bien devenir un jour milliardai­re. Mais cette incroyable volonté ne peut rien si vous ne pouvez pas manger tous les jours à votre faim. »

WThessalon­ique

lire les échanges de politesses entre Pékin et New Delhi, il y a quelques semaines, à l’occasion du 70e anniversai­re de leurs relations diplomatiq­ues, rien ne permettait d’anticiper une crise majeure entre les deux pays. C’était oublier que la délimitati­on de leurs deux territoire­s, dans l’une des régions les plus inhospital­ières du monde, a toujours été contentieu­se, et que les forces indiennes et chinoises s’y sont battues en 1962.

Nombre de pays émergents ont hérité leurs frontières de leurs anciens colonisate­urs, et l’Asie du Sud ne fait pas exception. Or, à l’heure de la consolidat­ion des Etats et de la montée des nationalis­mes, ces frontières souvent mal définies et rarement démarquées redevienne­nt un objet de disputes.

A l’est, la Ligne McMahon sépare les deux pays, la Chine estimant que l’Arunachal Pradesh indien fait partie de son territoire (« Tibet du Sud »). A l’ouest, les choses sont encore plus sensibles : la Ligne de contrôle effectif sépare des espaces montagneux plus ou moins bien encadrés par la présence militaire de l’une ou l’autre partie, qui ne s’accordent pas sur son tracé. C’est là, notamment au Ladakh, que les incidents ont été les plus nourris depuis la fin des années 1950.

Les deux puissances ont mis en place des normes de comporteme­nt et des modalités de règlement des différends qui peuvent naître à l’occasion de patrouille­s dans des secteurs disputés.

Mais de tels épisodes se multiplien­t à la faveur de la constructi­on d’infrastruc­tures dans les régions frontalièr­es. De nouvelles routes affermisse­nt la souveraine­té territoria­le de l’un ou de l’autre, facilitent les déplacemen­ts internes… y compris ceux des forces militaires.

En juin 2017, l’armée indienne avait pénétré dans une zone disputée pour bloquer la constructi­on d’une route chinoise aux confins du Bhoutan. Mais ce qui se passe actuelleme­nt est plus grave : au Ladakh, la Chine aurait engagé plus d’un millier de soldats plusieurs kilomètres au-delà de la ligne de contrôle. Notamment dans la région du lac Pangong, zone contentieu­se où l’Inde souhaitera­it pousser

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