Un éloge de la lenteur
VITE !
PAR JONATHAN CURIEL.
PLON, 350 P., 19,90 €.
Pour beaucoup, la crise du Covid-19 et les contraintes du confinement ont été l’occasion de lever le nez du guidon, de s’interroger sur cet étrange sentiment que, plus le progrès nous fait gagner du temps, plus nous avons l’impression d’en manquer. Voilà le point de départ du surprenant essai de Jonathan Curiel. Homme de télévision, directeur général adjoint des programmes de M6, W9 et 6ter, il mène en parallèle une carrière d’auteur inspirée par les travers de nos sociétés, comme dans ses deux précédents ouvrages, Génération CV et Le Club des pauvres types. Là, c’est aux nouvelles tyrannies de l’immédiat que s’attaque ce diplômé de l’Essec et de Sciences po.
Le constat est implacable. La machine s’est emballée. Le progrès technique, au fil des décennies, a été le principal moteur de l’amélioration de nos conditions de vie et de travail. Aujourd’hui pourtant, le temps que nous avons gagné, notamment grâce aux technologies de l’information et de la communication, semble nous faire défaut. L’instantanéité nous envahit, nous englue dans le présent le plus court. C’est vrai en politique (Donald Trump et ses tweets), en économie et dans l’entreprise (ce rapport qu’on vous demande un matin, à rendre pour hier), dans les médias (qui martèlent un jour un sujet qui sera oublié le lendemain), et a fortiori sur les réseaux sociaux, vecteurs de la « mondialisation des affects en temps réel », selon les mots de Paul Virilio.
Et les conséquences sont terribles. Pour les synthétiser, Jonathan Curiel n’hésite pas à citer avec bonheur les grands auteurs. Jean Baudrillard, par exemple : « La vitesse assure le triomphe de l’émotion sur la raison, de l’effet sur la cause,